LA BALLADE DE NARAYAMAde Shohei Imamura, avec Tonpei Hidari, Ken Ogata, Sumiko Sakamoto (1983, Jap., 129 mn) Empire des sens version sauvage dans une fable sur les paysans nippons, où une certaine théâtralité le dispute à la sensualité animale. Au Japon, la vie d’une communauté villageoise perdue dans les montagnes. Ça semble se dérouler au […]
LA BALLADE DE NARAYAMA
de Shohei Imamura, avec Tonpei Hidari, Ken Ogata, Sumiko Sakamoto (1983, Jap., 129 mn)
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Empire des sens version sauvage dans une fable sur les paysans nippons, où une certaine théâtralité le dispute à la sensualité animale.
Au Japon, la vie d’une communauté villageoise perdue dans les montagnes. Ça semble se dérouler au Moyen Age, mais l’apparition d’un fusil, unique élément moderne, repousse la datation au XXe siècle. Palme d’or à Cannes en 1983, ce remake d’un film de Kinoshita (de 1958) a fait connaître Imamura au grand public qui l’a oublié depuis. Ce n’est sans doute pas son chef-d’œuvre, car le cinéaste fait beaucoup de concessions
au pittoresque et surligne sans cesse sa thèse (les humains sont des bêtes et doivent s’intégrer au cycle de la nature) par les dialogues, par d’innombrables plans d’animaux, et par une intrigue tournant autour de la coutume d’abandonner les vieillards inutiles dans la montagne. Il y a une sorte de surenchère dans le primitivisme et la saleté : les rats qui grouillent sous les maisons, la puanteur d’un personnage qui mange des vers, le nouveau-né jeté dans une rizière comme un déchet… Certes, Imamura manie le grotesque et la bouffonnerie avec art c’est un des rares cinéastes nippons à mêler sans scrupule la barbarie à la trivialité , mais il ne laisse pas une grande latitude au spectateur. Dialogues explicatifs, acteurs trop grimés qui frôlent l’hystérie : malgré des décors très naturels, ça fait assez théâtral. Cette Ballade… mérite tout de même le détour car c’est un des rares exemples d’un cinéma japonais débarrassé de sa froideur graphique et désincarnée. Imamura est un Nippon au sang chaud, un cinéaste de la chair et du sang, qui annonce, sur un mode académico-rural, les déviances foutraques de Takashi Miike (avec d’ailleurs une scène de zoophilie qui précède celle, controversée, de Dead or Alive 1).
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