Le suicide de Kurt Cobain, icône grunge mais songwriter honnête, ne marquait pas tant l’apothéose du geste punk qu’il affirmait sa décrépitude rock. Et Courtney Love n’est qu’une vague Joan Jett 90’s. S’interroger aujourd’hui - car c’est le sujet de ce documentaire ovni - sur la mort du chanteur de Nirvana en soupçonnant de meurtre […]
Le suicide de Kurt Cobain, icône grunge mais songwriter honnête, ne marquait pas tant l’apothéose du geste punk qu’il affirmait sa décrépitude rock. Et Courtney Love n’est qu’une vague Joan Jett 90’s. S’interroger aujourd’hui - car c’est le sujet de ce documentaire ovni - sur la mort du chanteur de Nirvana en soupçonnant de meurtre sa Nancy de veuve est d’un intérêt relatif. Notre curiosité irait à la limite vers Nick Broomfield, pour l’avoir vu arroser de tunes porn-stars et tapineuses junkies lors de son extraordinaire reportage sur Heidi Fleiss, la madame Claude d’Hollywood. Et pourtant, à l’arrivée, ce truc bancal sur un sujet démodé, suintant de parano anglo-saxonne (la théorie du complot, mais oui), fascine précisément par ses faiblesses : c’est un reportage hanté par la figure de l’absence, entièrement interdit par une Courtney hors champ qui manipule tout, dirige le film à la place de Broomfield qui, à son corps défendant, devient le centre d’un reportage flagellatoire : Kurt, Courtney & me aurait fait un bien meilleur titre. L’enquête vaut pour sa galerie de foireux tout droit sortis de films d’Altman qui ont fini, eux assurément, par suicider le rock : le pote chaussette humaine, l’ex-girlfriend plus draguable, le roadie dealer, la baby-sitter (junkie) évasive, l’amie (junkie) amnésique, la rédactrice de Vanity Fair (Prozac) hystérique (les Cobain ont menacé mon chien, bien sûr), le détective privé à la ramasse, la tata gâteau sympa et folky, et ses guest-stars : introducing… Hank « Pitbull » Harrison, père de Courtney Love (quoi, vous voulez dire que John Love, le pape du porno crade français, n’est pas le père de Courtney ?), auteur de deux livres accablant sa fille, surjouant la séduction ou la haine ; El Duce, un tonneau de whisky affirmant, entre deux rots porno, avoir touché de Courtney 50 000 dollars pour tuer Cobain ; Al et Jack, deux journalistes d’investigation (sic) qui répéteront des mois leur méthode d’approche « Pearl Harbour » de la star pour finir par fondre devant son sourire comme une pucelle devant Rocco. La fin, sur les nerfs, voit Broomfield, seul vrai punk du film, suicider son reportage en dénonçant les agissements de Courtney devant un parterre de confrères venus célébrer la liberté d’expression en présence de la miss. « Hey, hey, my, my, Spinal Tap will never die. »
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