Un gros panda, des acrobaties, des blagues de cour de récré : on prend les mêmes, on dépense 85 millions de dollars, on recommence. Jusqu’à quand ?
C’est presque anachronique : la mixture de “Dreamworks faces” (sourire en coin et sourcils obliques, la grimace-signature des héros de la maison-mère des franchises Shrek, Madagascar…), de kung-fu de supermarché et d’humour sagement graveleux qui préside à la recette de Kung-Fu Panda 4 n’a pas changé d’une pousse de soja, huit ans déjà après le 3. À la seule différence notable de l’absence des “Cinq Furies”– dont les voix illustres (Angelina Jolie, Lucy Liu, Jackie Chan…) pouvaient encore donner aux premiers épisodes un parfum de superband du film d’action adapté aux enfants –, ce quatrième volet aurait aussi bien pu sortir en 2009 qu’en 2024.
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Il serait probablement excessif de s’en offusquer, tant il n’y a jamais vraiment eu de hautes espérances à fonder sur cet objet de divertissement relevant depuis toujours de la même espèce de flamboyance inerte, plastification kids-friendly d’une certaine resucée hollywoodienne du cinéma d’arts martiaux, comique sans être vraiment drôle, spectaculaire sans chercher d’aucune manière l’invention formelle.
Une croisière sans pilote ?
Il est toutefois permis de se demander où le studio va avec tout cela, alors que la perspective d’un cinquième volet s’annonce déjà timidement. Le pot-pourri d’ancien·nes méchant·es et le caméléonisme effréné du principal antagoniste (reptile métamorphe adoptant l’apparence et le style de combat de ses proies) laissent croire que la licence a atteint un stade d’autocitation jukebox connu pour être souvent le chant du cygne de ce genre de franchises.
L’animation de grande exploitation est notoirement devenue plus texturée, plus organique, plus dynamique, notamment depuis le triomphe de Spider-Verse, mais ici on n’en a visiblement pas entendu parler. Cette croisière sans pilote est bien décidée à voguer à tout jamais, sourde à toutes les sirènes d’un monde qui change loin d’elle mais continue par habitude de la regarder mollement, en attendant un Kung-Fu Panda 167 que projetteront sans doute en boucle les salles vides d’un monde futur dont aura disparu l’humanité.
Kung Fu Panda 4 de Mike Mitchell avec les voix de Awkwafina, Jack Black, Bryan Cranston – Au cinéma le 27 mars
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