La thématique, chère au cinéaste, trouve ici son incarnation la plus bigarrée. Touchant.
Il pleut des hallebardes sur Busan, en Corée du Sud. Deux policières sont en planque dans une voiture. Dans la nuit, elles voient une jeune femme abandonner son bébé à l’entrée d’une église. En réalité, l’église est le lieu d’un trafic d’enfants assez étrange : l’argent de la vente de ces dernier·ères (à des familles triées sur le volet) sert en partie à financer un orphelinat.
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Après avoir reçu la Palme d’or en 2018 pour Une affaire de famille, le Japonais Kore-eda avait tourné un film français un peu décevant, La Vérité (2019). Le voici en Corée du Sud pour y réaliser, une fois de plus – c’est son obsession –, un film sur la famille, sur une famille recomposée très extrême. Après les voleur·euses d’enfants d’Une affaire de famille qui leur prodiguaient de l’amour, il invente une nouvelle forme d’utopie familiale assez délirante, une petite communauté constituée de deux trafiquants d’enfants (rien que ça), une travailleuse du sexe, un jeune orphelin obsédé par le foot (très drôle) et un bébé…
Décrire les personnages un par un, deux par deux, trois par trois
Ce qui frappe ici c’est combien, après un début en fanfare, Kore-eda prend son temps, nous entraîne dans un faux rythme déconseillé dans toutes les écoles de cinéma. Le film ralentit de plus en plus, prend des chemins buissonniers apparemment inutiles. Et nous prend progressivement dans ses filets de conteur.
Car Kore-eda donne plus d’importance à ses personnages qu’aux situations et au scénario. C’est par la lenteur, le temps qu’il consacre à les décrire, un par un, deux par deux, trois par trois, etc., que le cinéaste nous prépare à accepter l’inacceptabilité de la “famille” qu’il nous expose. C’est du grand art.
Les Bonnes Étoiles de Hirozaku Kore-eda, avec Song Kang-ho, Dong-won Gang, Doona Bae (Cor., 2022, 2 h 09). En salle le 7 décembre.
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