Le photographe Larry Clark passe à la réalisation avec un brulôt où il retire au sida sa dimension morale pour le mettre du côté de l’arbitraire. Scandale. Avant Kids, le photographe Larry Clark n’avait jamais fait de cinéma. Et on ne peut pas dire que l’accueil réservé à ce premier film ait pu avoir une […]
Le photographe Larry Clark passe à la réalisation avec un brulôt où il retire au sida sa dimension morale pour le mettre du côté de l’arbitraire. Scandale.
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Avant Kids, le photographe Larry Clark n’avait jamais fait de cinéma. Et on ne peut pas dire que l’accueil réservé à ce premier film ait pu avoir une quelconque valeur d’encouragement. Sur un scénario de celui qui allait devenir Harmony Korine, alors âgé de 19 ans seulement, Clark poursuivait son travail de photographe : des ados, si possible torse nu, qui glandent, qui se droguent, qui baisent, et qui nous sommes
en 95 se refilent le sida. C’est sur ce dernier thème que le scandale éclata, d’autant que la transmission du sida faisait ici l’enjeu d’une sorte de suspens pour une gamine vierge (jouée par Chloé Sévigny, qu’on découvrait elle aussi). Il faut oublier
la polémique stérile. Clark ne cherche pas à réaliser un clip de prévention pour le ministère de la Santé, mais plutôt le portrait d’une génération plus
ou moins sacrifiée, qui a transformé tout ce que la précédente avait revendiqué (liberté sexuelle, consommation de drogues) en un lourd arsenal d’autodestruction. Son propos n’est pas de juger. Ça, il en laisse la responsabilité éventuelle aux spectateurs. Et c’est bien ça qui rend fous ses détracteurs. Ils préféreraient un film de propagande qui leur dise quoi penser, qui désigne des responsables. Non, il faudra s’y faire : implacablement, Clark filme la réalité qu’il côtoie, qui le fascine à l’évidence, mais qu’il refuse de juger. C’est toute la valeur de son cinéma.
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