Leonardo DiCaprio et Kate Winslet enfin réunis dans Les Noces Rebelles de Sam Mendes, onze ans après Titanic.
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Certes, fictionnellement parlant, le couple de banlieusards des fifties des Noces rebelles n’est pas le couple de tourtereaux qui furent foudroyés par Cupidon quelque cinquante ans plus tôt sur le pont du paquebot mythique, mais les acteurs qui les incarnent, leurs corps, leurs visages, leurs voix et leurs gestuelles sont bien les mêmes – avec dix ans de plus.
Même si l’histoire des Noces rebelles vaut pour elle-même, elle est forcément hantée par le blockbuster de James Cameron. Le film de Mendes le pointe par divers clins d’œil secondaires : quand April (Winslet) évoque la première fois où elle et Frank (DiCaprio) ont fait l’amour, on pense automatiquement à LA scène de sexe de Titanic dans la voiture à fond de cale, scène qui est d’ailleurs déclinée plus tard dans le film avec une ironie un peu cruelle, quand April couche par dépit avec un amant occasionnel. Rien ne manque à ce remake sans amour d’une scène d’amour imprimée dans la mémoire universelle, de la voiture-nid à une main moite appuyée sur la vitre de la portière… sauf que cette fois, c’est celle de l’homme, et cela participe évidemment du processus de démythification de Titanic opéré par Mendes : à la jouissance amoureuse absolue de la femme a succédé la concupiscence de l’homme.
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Mais ces allusions plus ou moins appuyées n’étaient même pas nécessaires, tant l’impact de Titanic et des deux comédiens habite puissamment les imaginaires et s’inscrit naturellement dans Les Noces rebelles. La simple présence de Winslet et DiCaprio suffit à faire de ce film un anti-Titanic, ou tout simplement une suite possible du blockbuster si Jack avait survécu et finalement épousé Rose. Démontant méthodiquement tous les ressorts romantiques du film de Cameron, le film de Mendes dissèque minutieusement le couple quand l’état fusionnel des débuts laisse place à la routine des jours, quand la soif d’absolu de l’une entre en conflit avec la raison timorée de l’autre, puis quand l’amour se fane et que les trajectoires s’éloignent irrémédiablement. “Titanic vous a bercé de doux rêves à l’eau de rose ?” semble dire Mendès, “Laissez-moi vous ramener un peu à la réalité”. Quelque part entre la cruauté sirkienne et l’intensité bergmanienne, Les Noces rebelles semble souvent illustrer l’aphorisme de Cocteau selon lequel un couple, c’est un être qui s’ennuie pendant que l’autre souffre.
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