Une histoire de vengeance, des gros muscles et de la pluie torrentielle… Avec “Kanun, la loi du sang”, Jérémie Guez caricature le genre du polar à l’extrême.
Cette année, le cinéma français s’est brillamment attaché à déconstruire les codes du polar (La Nuit du 12, Bowling Saturne), mais aussi à regarder de près ses origines pour mieux réfléchir à sa généalogie et à la corrélation – jusqu’alors inavouée ou disons trop invisible – entre “le mal” et “le mâle”.
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C’est dans ce contexte réflexif que nous arrive Kanun, la loi du sang. Le Français Jérémie Guez continue son exploration du polar et revient après Sons of Philadelphia (tourné avec les stars Matthias Schoenaerts et Joel Kinnaman) à un territoire plus anonyme, un quartier de Belgique et des comédiens et comédiennes peu connus, les jeunes Waël Sersoub et Tuğba Sunguroğlu (découverte dans Mustang). S’emparant d’à peu près tout ce qui forge l’imaginaire du polar (hommes patibulaires en cuir et cigarettes, ciel éternellement ombragé, interminable pluie…) comme d’accessoires de jeu ou de reliques, Kanun est un ersatz du genre, mais savamment recomposé. Chaque mouvement de caméra et effets de mise en scène semblent vouloir convoquer les fantômes du genre.
Enjeux virils
Ce qui pêche dans cet exercice de style trop sérieux, qui voit des hommes s’affronter et une histoire de vengeance menacer le héros, c’est précisément la proximité aveugle avec laquelle le réalisateur filme cet univers décharné, avec la croyance solide en l’importance d’enjeux virils qui, avouons-le, nous paraissent bien petits, risibles et désuets. La présence d’un personnage féminin intéressant, mais trop artificiellement construit, peine à donner vie à un film trop vieux pour son époque.
Kanun, la loi du sang, le 7 décembre au cinéma
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