Graham Yost, créateur de Justified, s’amuse beaucoup avec sa série western. Rencontre avec un scénariste épanoui.
Justified est un intéressant western contemporain à base de flingues, de Kentucky et de camions boueux. A l’occasion de la diffusion française de la deuxième saison, son créateur, Graham Yost, était de passage au Festival du cinéma américain de Deauville. L’occasion de parler Speed, western, et Steven Spielberg.
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Mes débuts de scénariste
« Au début des années 90, je traînais mes guêtres comme scénariste de sitcom, notamment un truc avec les soeurs Olsen, La Fête à la maison, dont je suis parti avant qu’on me vire. Puis j’ai réussi à vendre le scénario de Speed (1994). Je ne suis revenu sur le petit écran que pour De la Terre à la Lune, la minisérie avec Tom Hanks. Aujourd’hui, je m’épanouis à la télé, même si c’est une époque difficile car il y a trop de bonnes séries ! Se démarquer est devenu dur. J’avais essayé avec la première série que j’ai créée, Boomtown, en 2002. J’ai toujours le coeur brisé par son annulation. On a tourné une saison de dix-huit épisodes, la chaîne nous a arrêtés après six épisodes de la deuxième saison. Cruauté du système ! »
Ma méthode de showrunner
« Justified se porte très bien et ce luxe permet de voir venir avec sérénité. Avec mes scénaristes, nous commençons par imaginer la saison en entier, les orientations des personnages, les thèmes. Ensuite on évoque ces idées avec la chaîne, et l’écriture concrète commence. Les scénaristes individuels qui signent les épisodes en sont aussi les producteurs. Ils vont sur le plateau, travaillent de très près avec le réalisateur, parlent avec les comédiens. Mais pour moi, en tant que showrunner, ce serait une perte de temps que d’aller sur le plateau. Je ne suis pas un dictateur. »
Elmore Leonard, ce héros
« Sur Boomtown, j’avais envie que tout soit à mon image car la série était mon bébé. Avec Justified, j’essaie de servir et d’honorer Elmore Leonard, dont les nouvelles ont inspiré la série. J’admire son travail depuis vingt-cinq ans. J’essaie de rendre le plus vivant possible ce monde bizarre, drôle et jamais précieux, qu’il a créé. On travaille tous pour être à sa hauteur. Il n’est pas vraiment impliqué dans la fabrication. Il a 85 ans. Il touche ses chèques et il regarde la série. Savoir qu’il l’aime est ma meilleure récompense. »
Western, mon amour
« Mes préférés sont les westerns tardifs. The Big Country de William Wyler (1958), La Horde sauvage de Sam Peckinpah (1969) et Impitoyable de Clint Eastwood (1992). J’aime les réinventions du genre. Cela dit, j’adore My Darling Clementine (1946) de John Ford. Timothy Olyphant, l’acteur principal de Justified, a un côté Henry Fonda, même si tout le monde évoque Eastwood. Clint, pourtant, vous maintient à distance. Les yeux bleus de Fonda impressionnaient, mais son humanité vous ramenait à lui. Je crois que Timothy Olyphant possède cela. Avec de l’humour. La façon dont il interprète Raylan Givens me plaît. Je savais qu’on pourrait avoir le personnage le plus cool de la télévision. Un U. S. Marshall direct et classe, drôle et sans vergogne. »
Mon ami Spielberg
« J’ai participé à la saison 1 de Falling Skies, produite par Steven Spielberg. Je ne serai pas sur la saison 2 car j’ai envie de voir ma famille ! Je connais Spielberg depuis pas mal d’années (Band of Brothers, Boomtown) et il m’impressionne. Je me rappelle d’une longue téléconférence avant le début de Falling Skies. Il proposait quelques idées de mise en scène. C’était comme une masterclass privée. Il ne nous imposait rien et avançait par périphrases, mais je peux vous dire qu’il avait souvent raison ! »
Recueilli par Olivier Joyard
Justified, saison 2. A partir du 18 septembre à 20 h 40 sur Orange Cinéchoc.
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