Relance de la franchise des dinosaures en luna park. Où désormais les bestioles du premier volet sont plus proches de nous que des nouveaux monstres hybrides.
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L’extension territoriale n’aura échappé à personne : la renaissance du légendaire Park l’a au passage changé en World. Rien de plus logique, en fait, que cette montée en grade. Elle symbolise le mouvement d’une franchise qui sort aujourd’hui de la chrysalide bis où elle avait développé sa grammaire (les survivals en petite troupe), et déploie ses ailes de blockbuster macroscopique pour le meilleur ou pour le pire.
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Car dans un parc désormais ouvert au public, où grouillent les touristes et les boutiques de souvenirs, Jurassic World s’est mis au diapason du film-catastrophe de son époque. En toile de fond, la foule piaille, les money shots gavés de numérique abondent, et ce serait certainement une mauvaise nouvelle si au premier plan ne se déroulait pas un manège plus familier – quelques adultes empêtrés dans leurs impasses conjugales, à la poursuite bien malgré eux de ce qu’ils rechignent à engendrer : des enfants.
Comme Jurassic Park, un film de monstre avec une dimension familiale
Malgré son changement brutal d’échelle, Jurassic World honore ainsi ce que Jurassic Park a toujours été : un cinéma du monstre, mais un cinéma qui a toujours consisté en fin de compte à rebattre fiévreusement les cartes du lien familial sous l’œil ébahi du T.rex, et à improviser d’invraisemblables ménages comme on jette à la mer le radeau de la Méduse. C’est en toute fidélité à cette ligne de fuite familialiste que Colin Trevorrow met au centre de ce nouvel opus un personnage de working girl célibataire (Bryce Dallas Howard), tante de deux garçons perdus dans le parc dont elle ne s’occupe jamais assez, courtisée par un grossier dresseur de raptors (Chris Pratt) – et nous offre le baiser de cinéma le plus sans gêne depuis quelques années de blockbusters.
Mais Jurassic Park a aussi toujours été le lieu d’une mise en jeu très particulière des puissances figuratives d’Hollywood, du numérique et du mécanique, de l’abstrait et du concret. Alors que le tout-numérique a bien ringardisé ce vieux bras de fer, Jurassic World avance un pion dans la partie. En opposant (comme un gag) les prédateurs du premier volet au postdinosaure composite qui sème ici la terreur, Colin Trevorrow, le réalisateur, prend acte d’une sorte de figuration en banqueroute, un principe d’hybridation numérique en explosion qui aurait brisé la singularité de la bête, sapé la place du monstre. Et crée une improbable union entre les survivants du quatrième opus et les machines à tuer du premier, où réside le plus beau transfert nostalgique du film : comment ce qui nous terrifiait jadis fait désormais si intimement partie de nous.
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