Julie Gayet flâne dans le cinéma français depuis près de vingt ans, mais il aura fallu attendre qu’elle soit catapultée « first girlfriend » en quelques semaines d’ouragan médiatique pour que tout le monde mette un visage sur son nom.
« Mais tu l’as vue dans quoi, toi ? – Mais si, le film, là… » Si vous n’avez pas eu cette conversation dans les dernières semaines, vous suivez soit de très près la prolifique filmographie de Julie Gayet, soit de très loin l’actualité politico-people. « Mais si, le truc avec Amalric et Deneuve… » Non ça c’était Anne Consigny, mais c’est vrai qu’elles se ressemblent.
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Le visage de Julie Gayet nous est familier car l’actrice, faute de véritable grand rôle resté dans la mémoire collective, multiplie les apparitions dans la vie du cinéma national. Des César, elle n’en a jamais reçu, mais elle en a remis un certain nombre. Sa filmographie, entamée en 1993 comme figurante pour Kieslowski (Trois couleurs : Bleu), compte une cinquantaine de titres parmi lesquels se croisent les noms de Merzak Allouache, Bertrand Tavernier, Patrice Leconte. Beaucoup sont oubliables et oubliés, à ceci près qu’elle ne les a pas traversés si anonymement que ça : son prix Romy Schneider, reçu en 1997 pour Sélect Hotel, peu après Sandrine Kiberlain, peu avant Isabelle Carré ou encore Ludivine Sagnier, donne la mesure d’une carrière d’actrice française du milieu restée à son propre seuil au tournant des années 2000.
Espoir féminin en décrochage depuis une dizaine d’années, Julie Gayet a pourtant tourné, au gré d’une carrière en demi-régime, quelques films à ne pas jeter aux oubliettes.
• « Les Cent et une nuits de Simon Cinéma », Agnès Varda (1995)
http://www.youtube.com/watch?v=xeew37EX5AE
Grande kermesse du cinéma en fin de siècle, Les Cent et une nuits peut certainement se targuer d’un des plus impressionnants castings de l’histoire du septième art : Michel Piccoli, Jeanne Moreau, Marcello Mastroianni, Catherine Deneuve, Robert De Niro, Anouk Aimée, Alain Delon, Jean-Paul Belmondo, Harrison Ford, Leonardo DiCaprio, Jean-Pierre Léaud, et bien d’autres sont au générique (certains parmi les personnages principaux, certains en simple apparition dans leur propre rôle) de ce film festif et fantasque, où Julie Gayet incarne une jeune cinéphile venue rafraichir la mémoire fléchissante de « Simon Cinéma », un vieux nabab excentrique et bientôt centenaire. Une fantaisie vardaïenne moins mémorable que Cléo de 5 à 7, mais remarquable quand même.
• « Un baiser s’il vous plaît », Emmanuel Mouret (2007)
http://www.youtube.com/watch?v=wKeRPn6cTq8
Le cinéma d’Emmanuel Mouret est pris entre deux feux : un exercice d’imitation des chassés-croisés sentimentaux en ligne claire d’Eric Rohmer, et la tentation du mélodrame, qui hélas engloutit son dernier film. Dans ce quatrième long métrage, c’est plutôt la première veine qui garde le dessus : Un baiser s’il vous plaît est surtout emporté par l’élégance frontale et limpide des échanges amoureux, au milieu desquels Julie Gayet interprète Émilie, vendeuse nantaise de tissus qui refuse à un homme un baiser peut-être décisif, pour ne pas répéter l’erreur de son amie Judith (Virginie Ledoyen), empêtrée dans un casse-tête adultérin.
• « 8 fois debout », Xabi Molia (2010)
Aux côtés d’un Denis Podalydès en plein dans sa zone de confort (le col-blanc drôle malgré lui, fébrile et lunaire), Julie Gayet est l’héroïne de ce réussi premier long-métrage, touchant et optimiste, sur les petits malheurs répétés de deux amis : un film en entretien d’embauche enfilés, aux bons sentiments certes un peu téléphonés, mais à la fraicheur indéniable.
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