A l’affiche cette semaine de Duplicity face à Clive Owen, Julia Roberts se fait rare au cinéma, et plus blasée que jamais. De la Pretty Woman en Prêt à porter toute de pétillance hypersensible à l’autoparodie et puis finalement l’épuisement, retour en dix images sur cette trajectoire au devenir has-been galopant.
1988
Mystic Pizza de Donald Petrie
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A ce stade, personne ne connaît Julia. Elle peut, le temps d’un arrêt sur image un peu malheureux, prendre de faux-airs de Frida Kahlo, et n’a alors tourné que dans des pubs, des téléfilms et des productions de troisième zone. Mais dans cette charmante comédie romantique rurale, son premier film digne d’intérêt, se révèle déjà quelque chose de son mode, entre pétillance à fleur de peau et douceur au ralenti.
1990
Pretty Woman de Garry Marshall
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Si Pretty Woman lui vaut une nomination aux oscars et un Golden Globe, c’est avant tout le film qui la donne aux masses. Si le film s’effondre dans sa très conventionnelle dernière partie, l’effet Julia perdure et s’installe. En prostituée face à Richard Gere, elle marque au fer chaud les mémoires des salles… et des téléspectateurs qui subiront d’innombrables rediffusions.
1995
Prêt-à-porter de Robert Altman
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Voguant sur le succès de Pretty Woman, Julia Roberts commence à fréquenter les plateaux de cinéastes renommés. Après une petite apparition dans The Player en 1992, elle collabore pour la deuxième fois avec Robert Altman. L’Américaine part à Paris, pour la semaine du prêt-à-porter… Un rôle qui lui permet de flirter avec de grands noms, tels que Marcello Mastroianni, Sophia Loren ou Lauren Bacall.
1996
Mary Reilly de Stephen Frears
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C’est Tim Burton qui devait originellement donner sa lecture du mythe Jekyll/Hyde en adaptant le roman Mary Reilly. Ce sera finalement Frears, et le film le plus risqué, sans doute le plus ingrat d’une Julia fanée, amaigrie et rendue lugubre par le cinéaste anglais. Elle s’en tire pourtant plutôt très bien au milieu du barnum bizarre du film, avec une sobriété et une ténuité de jeu qu’on ne lui connaissait pas.
1997
Tout le monde dit I love you de Woody Allen
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Sept ans après le succès de Pretty Woman, Woody Allen se met aussi à courtiser Julia. Au sens propre. Dans le Tout le monde dit I love you, l’actrice campe une insatisfaite névrotique qui trouble les sens d’Allen… et cela lui va très bien – elle a rarement été si drôle au cinéma.
1999
Coup de foudre à Notting Hill de Roger Michell
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Le rôle usé jusqu’à l’os de l’Américaine parachutée en pleine RomCom londonienne lui va à merveille, et ses face à face émail diamant avec Hugh Grant atteignent occasionnellement quelques instants de ravissement. Si le film, trop paresseux dans son écriture, ne se révèle pas la hauteur de son casting Julia y trouve le personnage phare de la seconde moitié de sa carrière vers lequel elle tendra dès lors régulièrement, celui de la star américaine ou de son sosie – elle-même en fait.
2000
Erin Brockovich, seule contre tous de Steven Soderbergh
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Après avoir joué la carte de l’autodérision en Angleterre, l’actrice entreprend de donner à sa carrière sa révolution adulte avec un rôle à la mesure de ses ambitions en matière de respectabilité comme actrice. De fait, Erin Brockovich est un personnage détonnant, encore en vie, qui appelle l’investissement. Mais sa prestation un peu convenue et son décolleté font si forte impression qu’elle se voit nommée pour la troisième fois aux oscars, en ne manquant pas, cette fois, de remporter la statuette. Elle retrouve les sommets du box-office et crêve des plafonds en matière de popularité, si bien que sa rencontre à l’écran avec Brad Pitt l’année suivante dans l’insipide Le Mexicain de Gore Verbinski est vendue un peu partout une cime inégalée en matière de glamour.
2004
Ocean’s Twelve de Steven Soderbergh
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Après avoir joué les femmes-objets dans Ocean’s Eleven, comment tendre plus loin vers la platitude dans un second volet travaillé par la tentation de l’à-plat, du dénudement obscène de sa mécanique glam & cool ? A nouveau, Julia passe tout près de jouer son propre rôle, mais cette fois sur le mode littéral d’une parodie d’elle-même, avec force malice pataude et clins d’oeil connivents, lorsque le film nous assène que son personnage ressemble beaucoup à la grande comédienne Julia Roberts. Embarrassant.
2008
La Guerre selon Charlie Wilson de Mike Nichols
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Après trois ans d’absence occupés du côté du théâtre et une première collaboration avec Nichols sur ce grand film de sexe oral frigide qu’est Closer, Julia retrouve le réalisateur vétéran du Lauréat pour un habile thriller politique, où elle joue non sans une certaine réussite la carte du contre-emploi en blonde glaciaire antipathique.
2009
Duplicity de Tony Gilroy
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Depuis quelques années, Julia ne fait plus guère que s’ennuyer au cinéma, on le sait, ça se voit. Mais cela n’a jamais si criant que dans ce thriller sentimental mollasson où chacun de ses gestes paraît usé. Et de fait, après avoir tourné seulement trois films sur les sept dernières années, il semble que l’on n’est pas prêt de la retrouver à l’écran.
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