Vente à la sauvette, glace à l’incruste et usurpation d’identité.
« Il y a des bêtises que j’ai faites uniquement pour le plaisir de les raconter », disait en son temps le roi des gambilleurs que nous sommes, Sacha Guitry. C’est sûrement cette sainte maxime qui m’a permis de trancher, samedi soir à la fête du film de Romain Gavras, au moment d’hésiter à céder ou non ma belle casquette à cette mystérieuse américaine qui voulait désespérément me l’acheter. Certes, je l’aimais bien cette casquette, mais je sentais qu’il y avait derrière son insistance étrange quelque chose que j’aurais, bien assez tôt, le plaisir de raconter.
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En la suivant dans le carré VIP pour récupérer le cash, je la vois tendre mon couvre-chef à celui qui semble être le commanditaire de toute cette opération. Et voilà que je viens donc de vendre ma casquette à Timothée Chalamet.
Apparemment, Tim avait perdu la sienne et chargé son assistante personnelle de lui en dénicher une ASAP. Le plaisir de raconter étant un truc qui se partage, l’anecdote fait vite le tour de la soirée et des chroniqueurs de nuit cannoise (au point de m’en vouloir un peu : entre Technikart, Vanity Fair et Grazia, j’ai eu avec cette histoire plus de retombées média qu’un film de l’Acid).
Sentant monter le grabuge, je quitte la plage Magnum pour ce bon vieux Vertigo, où est rassemblée toute la clique d’Ultra Pulpe, donc Bertrand Mandico, Karine Durance et Eduardo de Tropicana. Concernant la boisson, peu de jus d’orange, mais un bracelet open bar « todo incluido » comme au Club Med de Punta Cana, que me tend Karine à la seule condition « que tu t’en serves vraiment, pas que tu te barres au bout d’une heure ! »
Me voilà bien contraint. Au bar, retrouvailles avec Victor Bournerias, programmateur du Grand Action : « Non mais tu vas voir, c’est comme chaque année, il y aura toujours un connard pour te dire que ‘c’est le meilleur Jia Zhangke‘ – Ah bah oui, cette année c’est moi. » J’arrive à m’échapper en prétextant que je compte voir le Noé dans deux heures (sur le moment, j’y crois vraiment).
Je le rate d’ailleurs tellement que je loupe presque une interview, mais heureusement Ben Foster est un type sympa. De toute façon, c’est le jour où on va commencer à se marrer : les comédies arrivent sur la Croisette, avec pour commencer Le Grand bain de Gilles Lellouche. Pour le film, voir notre rubrique critique.
Au vu de l’échantillon de stars présentes, je me dis que le onzième arrondissement doit être totalement désert. Mais sur la terrasse Albane, ça fait foule. Suffisamment en tout cas pour que j’arrive à subtiliser une bouteille de champagne. Je présente Félix Moati à mes colocs (« il est plus petit qu’à la télé ! », dit Constance).
Le lendemain, c’est devant le film de Pierre Salvadori que je me réveille, enfin juste une partie : chef Jean-Marc m’appelle furax car je suis venu voir le film sans lui rendre mon papier avant, et il part à l’imprimeur dans l’aprèm. Je file le boucler sur mon iPhone depuis les chiottes de la Quinzaine, avant de rattraper la dernière demi-heure. À la sortie, alors que je couvre de louanges cette comédie dont j’ai loupé la moitié du milieu, Jacky m’appelle au secours : « Tu peux faire l’interview ? » Pas de souci, c’est même l’occasion d’être un peu insolent avec le patron : « Tu vois que j’ai bien fait de le voir ? »
Le soir, à la fête du film, une rencontre.
Il est Anglais, il est acteur, mais il est selon lui avant tout là pour « fuck around » et nous montre du doigt, à Toma Clarac et moi allongés devant la mer, les endroits du littoral où une ex attendrait sa visite : « Une ici à Juan-les-Pins, là bas aussi, à Saint Raphaël, ah et là… » Il a une fiche IMDB mais prétend qu’il y manque la moitié de ses rôles, et il est rentré à la teuf sur la plage Magnum avec une technique digne des plus grands resquilleurs de la Croisette : il est allé acheter deux Magnum au glacier d’en face, et a passé les vigiles en faisant croire qu’il était juste sorti et revenu avec ses glaces. J’y penserai pour la prochaine soirée à la plage Nespresso.
Comme ce merveilleux personnage m’inspire, je n’ai d’autre choix que de répondre « oui » lorsqu’il me demande, bizarrement, si c’est moi qui ai réalisé le film de ce soir. Il faut bien faire vivre le mytho : j’ai 34 ans, c’est mon deuxième film (heureusement que David n’a pas l’air très au fait de l’âge ou de la carrière de Pierre Salvadori), il a passé un an en montage, j’ai « du mal à réaliser ce qui m’arrive » et « je réfléchis déjà à un projet de reconstitution historique pour le prochain » tandis que Pio Marmaï, que j’ai mis dans la confidence, « aimerait en être à nouveau » car « c’est un bonheur de travailler avec moi ». Ça marche du tonnerre, comme le prouve ce texto de David le lendemain.
Je vous laisse, je file voir le film chinois dont Toma m’a d’abord dit qu’il était en VR, puis finalement qu’il était en 3D, et que finalement il ne l’était qu’à moitié, mais par contre qu’il était aussi en Odorama, en tout cas au niveau de sa rangée.
Qui a pété à la projo du Bi Gan ? #Cannes2018
— Théo Ribeton (@theoddore) May 15, 2018
L’enquête suit son cours. On a même appelé Batman pour nous aider.
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