Entre cinéma indépendant et blockbuster, la carrière de Johnny Depp balance. Habitué de chez Tim Burton, il est aussi passé devant la caméra de Kusturica, Jarmush ou Gilliam… A l’occasion de la sortie du dernier Michael Mann, Public Enemies, retour en dix films sur le parcours d’un acteur bluffant (et d’un cinéaste raté).
1985
Les Griffes de la Nuit de Wes Craven
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
[attachment id=298]
Johnny Depp a 22 ans, une tête de poupon et est musicien de sa profession. Grâce à un coup de pouce de Nicolas Cage, il obtiendra un petit rôle dans Les Griffes de la Nuit, nanar s’inscrivant dans le genre des films d’horreur et qui ne resta pas dans les annales. Mais le film de Wes Craven a au moins cette qualité de montrer les premiers pas au cinéma d’un Johnny tout beau tout lisse, avant les tatouages et les chambres d’hôtel ravagées de sa période rebelle. Le futur fantasme des adolescentes fera mieux la fois d’après avec Cry-Baby (de John Waters, 1990). Dans cette comédie musicale déjantée qui en détourne les codes il tient le premier rôle : un bad boy. Tiens tiens…
1991
Edward aux mains d’argent de Tim Burton
[attachment id=298]
C’est le début d’une longue collaboration entre le prolixe et loufoque Tim Burton et le caméléon que va se révéler être Johnny. Le réalisateur a déjà sorti deux films (Beetlejuice, Batman) remarqués (après son premier long-métrage Pee Wee Big Adventure) mais cherche encore celui qui correspondrait le mieux à son univers. L’acteur de son côté est en mal de crédibilité : après Les Griffes de la Nuit et Cry-Baby, Depp veut diversifier son répertoire et se débarrasser de son image encombrante de gentil garçon dans la série 21 Jump Street (1987-1991). La rencontre entre les deux hommes fera de nombreux petits par la suite.
1993
Arizona Dream d’Emir Kusturica
[attachment id=298]
Lancé par Edward aux mains d’argent, Johnny a tout juste 30 ans lorsqu’il incarne le personnage principal d’Arizona Dream. Un rôle de rêveur toqué, qui lui colle à la peau et l’éloigne définitivement des stéréotypes du beau jeune premier. Ce film étrange et surprenant, marquant dans la carrière de Kusturica, est aussi porté par des acteurs au jeu d’exception, tels Faye Dunaway, Jerry Lewis ou Vincent Gallo… Et Johnny rivalise avec brio.
1996
Dead Man de Jim Jarmusch
[attachment id=298]
Après Burton et Kusturica, Johnny Depp complète son tableau de chasse avec Jim Jarmusch. Des choix qui bâtiront son image (provisoire) d’acteur exigeant, préférant les films d’auteur aux grosses productions hollywoodiennes. Filmé en noir et blanc, reprenant la facture des films muets, Dead Man révèle Johnny dans un jeu plus dépouillé, moins ostentatoire. Et il lui donne l’occasion de tourner avec Robert Mitchum, dont ce sera l’ultime film.
1997
Donnie Brasco de Mike Newell
[attachment id=298]
Ce film marque l’entrée à la fois d’un acteur et d’un réalisateur dans la machine hollywoodienne. Johnny sort de deux films pas vraiment grand public – Dead Man et The Brave – mais montre qu’il ne sombre jamais dans le conformisme, même quand il tourne dans un film plus populaire (par le réalisateur Quatre mariages et un enterrement). Look typiquement années 1970 pour Johnny et son partenaire Al Pacino, Donnie Brasco raconte là encore les doutes existentiels, cette fois d’un homme pris entre devoir et éthique.
1997
The Brave
[attachment id=298]
Johnny s’essaye à la réalisation – et c’est bien la seule tentative qu’il fera. Présenté à Cannes, son film est un échec critique… Il ne sera pas distribué aux Etats-Unis. Dans cette adaptation d’un roman de Gregory McDonald, le réalisateur-acteur incarne Raphaël, un homme d’origine indienne qui se sacrifie pour sa famille : en échange d’une grosse somme d’argent, il décide de tourner un film où il doit réellement se faire assassiner devant la caméra. Ni la présence de Marlon Brando, ni la chemise ouverte de Johnny ne sauvent cet ennuyeux Brave, figé dans des clichés et des couches de maquillage.
1998
Las Vegas Parano de Terry Gilliam
[attachment id=298]
Un film mythique pour toute une génération, qui fait de Johnny une icône des années 1990. Il s’inscrit avec Las Vegas Parano dans la droite lignée des personnages excentriques qu’il a incarnés et incarnera par la suite. A la fois drôle et inquiétant, ce rôle d’un journaliste toxico qui sombre dans la parano et le délire lui sied à merveille.
2003
Pirates des Caraïbes : la malédiction du Black Pearl de Gore Verbinski
[attachment id=298]
Surprise : Johnny se met à délaisser les films indépendants pour une très grosse production Disney. Bons sentiments et clichés hollywoodiens sont évidemment de mise… Mais l’acteur tire son épingle du jeu en mimiques clownesques, s’amuse et se voit nommer pour la première fois aux oscars. Il recommencera même l’aventure trois fois (un quatrième Pirates des Caraïbes est en route), en s’inscrivant grâce à ces blockbuster au Panthéon des acteurs les plus bankable.
2008
Sweeney Todd, le diabolique barbier de Fleet Street de Tim Burton
[attachment id=298]
Après Edward aux mains d’argent, Ed Wood, Sleepy Hollow, Charlie et la chocolaterie et Les Noces funèbres (il y est la voix de Victor), Johnny retrouve son réalisateur fétiche. Ce film musical de Tim Burton affirme, dans le sang, une vision très pessimiste du monde : encore un chef d’œuvre macabre du réalisateur, encore un personnage hors du commun incarné avec force par l’acteur (et encore une nomination pour un oscar). D’ailleurs, l’alliance Burton-Depp ne se rompra plus : prochainement, on retrouvera les deux amis pour Alice in Wonderland et Dark Shadows.
2009
Public Enemies de Michael Mann
[attachment id=298]
Avec la trempe d’un réalisateur tel que Michael Mann, Public Enemies offre à l’acteur un rôle marquant – dont on espère se souvenir davantage que les autres navets rythmant sa carrière. Plus sobre que dans ses derniers films, l’acteur incarne avec élégance et distinction le gangster John Dillinger, pourchassé par Christian Bale. Sans mimiques ou effets, il s’impose naturellement face à la caméra et fascine par sa forte présence, son regard noir.
{"type":"Banniere-Basse"}