Geste buissonnière sur le pionnier du protest-song, condamné à mort en 1915.
Dernier acte d’une réédition en deux parties du best-of de Bo Widerberg, cousin fantasque et naturaliste d’Ingmar Bergman. Beaucoup plus pop, Widerberg était, lui, en prise directe avec son temps, les bouillantes années 60-70. Cinéaste engagé, il a illustré comme Ken Loach diverses luttes politiques.
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Exemple éclatant, son unique film américain où il retrace le parcours de Joe Hill, working class hero auteur de célèbres protest-songs. Joe Hill alias Joseph Hillström était un hobo mythique, condamné à mort pour un meurtre qu’il n’avait sûrement pas commis. Martyr de la classe ouvrière, il fut exécuté en 1915 (d’où la ressortie du film, qui marque le centenaire).
Découverte du mouvement ouvrier
Ce n’est pas par hasard que Widerberg s’intéresse à lui : Hillström était né en Suède en 1879 sous le nom de Joel Emmanuel Hägglund et avait émigré aux Etats-Unis en 1902. Le film concerne essentiellement la fin de sa courte existence, où il s’engagea résolument dans l’anarcho-syndicalisme en devenant un wobbly – membre de l’Industrial Workers of the World.
Stylistiquement, le cinéaste aborde le film sur le mode ludique et buissonnier de son drame romantique Elvira Madigan (1967, avec le même acteur masculin Thommy Berggren). La partie new-yorkaise (l’arrivée aux Etats-Unis) est à notre sens la meilleure, car tirant un parti génial de moyens réduits et circonscrivant l’action à quelques coins de rue pour évoquer la vie locale en 1900 avec une vérité primitive inconnue dans les films d’époque ; la suite, sur l’errance de Hill à travers les Etats-Unis et sa découverte du mouvement ouvrier, auquel il adhérera, a, elle, de grandes vertus picaresques.
Certes, le romantisme naturaliste et le ludisme l’emportent sur l’exactitude historique et l’engagement politique, mais ainsi Widerberg traduit la part de fougue et de générosité sous-tendant l’anarchisme – dont le mot clé n’est pas “désordre” mais “fraternité”.
Joe Hill de Bo Widerberg (Suè./E.-U., 1971, 1 h 57, reprise)
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