George Clooney, malgré de bonnes intentions, prouve qu’il n’est ni Howard Hawks derrière la caméra, ni Cary Grant devant. What else?
Et alors, il était comment ?” Sans doute le seul acteur actuel qui fasse jaillir cette question habituellement réservée aux actrices, George Clooney est ici aussi réalisateur. Soit une comédie frénétique dans le milieu du football américain des années 1920, lorsque la liberté des débuts doit faire place aux réglementations du genre, et les hommes accepter l’insolence nouvelle des femmes. Clooney est le mâle facétieux du film, Renée Zellweger la journaliste à la langue bien pendue. La joyeuse anarchie des jeux sauvages (foot des origines et libres échanges hommes-femmes) contre l’ennuyeux règlement des pratiques civilisées (foot actuel et mariages rangés), opposition dont les vices et vertus sont distribués de manière gentiment rebelle, voilà peut-être un choix binaire qu’on peut retourner contre Clooney, dont on se demande pourquoi il aime tant les films à la manière ancienne (de Good Night, and Good Luck par lui-même à The Good German par Steven Soderbergh) alors même qu’il professe un goût pour la vitalité non réprimée.
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Ici, c’est la screwball comedy (mâtinée de quelques vigoureuses bagarres à la Walsh) dont Clooney veut rejouer la trépidation du rythme, certes respectée, mais sans ce brillant extrême qui conduit l’emballement des scènes vers une ligne abstraite ne se laissant jamais distraire, dureté mystérieuse dont Hawks avait le secret. Clooney, pas assez méchant, se laisse envahir par son tempérament gamin, qui attendrit un peu trop les scènes pour retrouver l’ambiguïté tendue de toute comédie avec homme-femme. Dans le fond, le seul qui réussit peut-être à faire actuellement des comédies rétro est sans doute Woody Allen, qui s’approprie le genre comme intime écrin de luxe pour une conversation sans fin avec ses actrices (cf. Le Sortilège du scorpion de jade avec Helen Hunt).
Et Clooney, alors, comment était-il ? La fameuse pub Nespresso peut être vue comme un traité du charme de l’acteur, certes réel, mais qui ne dure que le temps de son apparition – un spot – et d’une réplique – “What else?” Charme aussi instantané qu’éphémère donc, et qui a tendance à s’épuiser sur la longueur. Clooney n’a ni le génie mi-inquiétant (chez Hitchcock), mi-transformiste (les comédies de Hawks) de Cary Grant, ni celui, autre modèle supposé de l’acteur, de Clark Gable, dont la vigueur fatiguée ne tombait jamais dans les gamineries un peu lassantes de son élève. Si vous avez été troublé par l’apparition de Clooney, l’avez-vous été par un baiser qu’il donne à une femme ? Eh bien, non.
Alors, on table sur deux autres possibles séducteurs du cinéma américain dont on aimerait bien qu’on dise d’eux un jour : “Alors, il était comment ?” L’un est un (presque) vieux brun, l’autre un tout jeune blond. Le premier, Robert Downey Jr., a la voix caressante et le regard filou qui transforme toute spectatrice en possible délinquante. Le second est Michael Cera, à l’exquise délicatesse et à la profonde détermination, capable, comme ça, de sortir soudainement d’un marathon pour rejoindre une fiancée compliquée (Juno de Jason Reitman), ou de chantonner vaillamment du r’n’b chewingumesque devant des adultes hilares (Super Grave de Greg Mottola).
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