Présenté en avant-première à la Berlinale de 2021 et absent des écrans en Ukraine, “Jeunesse en sursis” brosse le portrait sensible d’une jeunesse d’aujourd’hui, entre naissance d’un amour et menaces de guerre.
Premier long métrage de la cinéaste ukrainienne Kateryna Gornostai, Jeunesse en sursis nous arrive aujourd’hui en salle précédé des images de la guerre en Ukraine. Le film se situe avant l’envahissement du pays par la Russie, mais en plein cœur d’une tension géo-politique bien tangible, qu’il préfère relayer en hors-champ, menace sourde qui prend vie de manière épisodique dans le film – le témoignage succinct d’un jeune garçon originaire de la région du Donbass ou encore une partie de colin-maillard comme métaphore d’une légèreté impossible à protéger.
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Le reste du film, lui, le champ, ce que la cinéaste veut bien nous montrer, est une chronique assez ordinaire et très délicate d’une bande de garçons et de filles, des lycéen·nes d’aujourd’hui, et notamment d’un trio formé de deux filles et d’un garçon. Entre elleux, un lien d’amitié fusionnel, des soirées passées dans leurs chambres d’ado calfeutrées, les premiers excès et des serments de sang murmurés tard dans la nuit dans les rires étouffés.
Une toile impressionniste des états d’âmes de ses jeunes personnages
Quelque chose de la série Euphoria traverse le film, mais dans une version allégée où la violence aurait été camouflée, gommée, pour laisser la place tout entière à une douceur et une bienveillance permanente. Quelque chose, précisément, dans cette façon de parvenir à une connexion immédiate avec l’époque, avec la contemporanéité de sa jeunesse sans donner l’impression d’en singer les nouveautés. La question du genre, qui n’en est plus vraiment une, et l’omniprésence des réseaux sociaux avaient rarement été filmés avec autant de mesure, sans recours à une diabolisation mécanique.
Préférant accueillir les micro-événements du quotidien comme les précieux germes des souvenirs futurs, plutôt que d’organiser d’inutiles rebondissements, Jeunesse en sursis se déplace tranquillement entre les tracas et petites joies de ses différents protagonistes pour composer une toile impressionniste et évanescente des états d’âmes de ses jeunes personnages. En entrecoupant sa partie fiction par des séquences qui voudraient passer pour documentaire, comme tout droit tirées de séances de casting, Jeunesse en sursis, récoltant ces mots qui ont dans la voix quelque chose de désabusé, brisé par la conscience d’une fin, finit par déposer sur sa romance teen – qui décrit aussi les angoisses d’une grande timide amoureuse -, un voile mélancolique, qui est celui de la guerre, mais aussi celui du souvenir, et avec lui du temps qui passe.
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