Quelques marins désillusionnés sur un rafiot de fortune. Une aventure maritime adaptée de Conrad.
S’inspirant d’une nouvelle de Conrad pour son premier long métrage de fiction, Julien Samani n’en a gardé que l’écume. Soit, d’une certaine façon, l’inverse du moyen métrage qui l’a fait connaître, La Peau trouée – un doc éclaboussé par le sang, la chair et le travail frénétique des pêcheurs de requins.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Ici encore on est embarqué sur un navire, mais c’est davantage Le Désert des tartares, voire En attendant Godot qu’évoque cette équipée sur un cargo vétuste de quelques pieds nickelés désillusionnés. Jean-François Stévenin en tête, qui joue le capitaine avec une désinvolture sidérante. Le seul à se tourmenter est le héros, un moussaillon novice nommé Zico, qui somatise dans son corps et dans son âme les errements d’une aventure absurde.
Le film travaille à brouiller les repères : cargaison vague, destination inconnue, rôle de l’équipage incertain. Tout est flou et changeant dans ce rafiot, par ailleurs bien filmé – la séquence de la tempête est particulièrement réussie. Manque de simples images de mer, de respirations et de silences. La fin, presque candide, n’est pas l’apothéose ou la chute conradienne qu’on espère. La plongée au cœur des ténèbres et de la folie reste embryonnaire. Une promesse mais pas un aboutissement.
Jeunesse de Julien Samani avec Kevin Azaïs (Fr., 2016, 1 h)
{"type":"Banniere-Basse"}