Un documentaire qui dresse le portrait modeste et féministe d’une jeune bergère en devenir.
Qui sont-ils ces jeunes gens parisiens qui, lassés par la vie urbaine, rêvent d’abandonner les open space bondés de leur agence de com et leur appartement minuscule pour un bout de terre perdu quelque part dans la campagne française ? Peut-être ont-ils les traits rieurs de Stéphanie, depuis peu devenue bergère dans le Cotentin et à qui le film est dévoué. Son entreprise faite de quelques brebis est encore fragile mais sa volonté est grande.
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On aurait pu suspecter Jeune bergère de n’être qu’une ode à la nature un brin formatée, opposant grossièrement la gentille province à la méchante grande ville de Paris. Mais il n’en est rien. Le passé de Stéphanie reste un hors-champ assez mystérieux et ce n’est d’ailleurs pas ce qui intéresse Delphine Détrie, dont c’est le premier long métrage. Elle préfère, au portrait psychologisant d’une reconversion professionnelle, celui physique d’une débutante en plein apprentissage.
Si, dans les plaines normandes, la vie semble plus douce, elle est loin d’être de tout repos. Le film décrit avec quel acharnement la jeune femme doit se battre pour que perdure son élevage, intégrer une communauté professionnelle exclusivement masculine et discriminante, ou encore gérer les soucis administratifs liés à son activité naissante. Modeste et touchant, c’est surtout quand il pose sa caméra au milieu d’un vaste champ et s’accorde au temps de sa travailleuse et de ses compagnons duveteux que Jeune bergère se fait le plus passionnant.
Jeune bergère de Delphine Détrie (Fr., 2018, 1 h 31)
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