Adapté du roman culte de Denis Johnson, le deuxième film d’Alison Maclean fonctionne comme la dope : par rushes, hauts et bas. “When I’m rushing on my run/And I feel just like Jesus’ son…”, le fix crucial d’Heroin, le pompage sonique du Velvet, Lou Reed en fils du crucifié, qui psalmodie l’aiguille fichée dans la […]
Adapté du roman culte de Denis Johnson, le deuxième film d’Alison Maclean fonctionne comme la dope : par rushes, hauts et bas.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
« When I’m rushing on my run/And I feel just like Jesus’ son… », le fix crucial d’Heroin, le pompage sonique du Velvet, Lou Reed en fils du crucifié, qui psalmodie l’aiguille fichée dans la veine, une chanson-garrot dont on ne saurait se désintoxiquer. Il sera donc question de dope plus que de Dieu dans le deuxième film de la Néo-Zélandaise Alison Maclean, bien loin de la fumette mystico-baba de Jane Campion, autre réalisatrice des antipodes passée en terre américaine.
A quelques centaines de miles du Tulsa de Larry Clark, Iowa City est le terrain de glande de FH (pour FuckHead l’aura-t-on rebaptisé TdN dans la VF ?), drugstore cowboy dilettante, naviguant au jugé sur les flots narcotiques des 70’s naissantes. Plutôt que d’en rajouter dans la reconstitution folklo-historique, Alison Maclean préfère opter pour une mise en scène d’époque, sur l’axe Schatzberg/Sarafian, contrariant çà et là une attitude laid-back par de brusques poussées de fièvre, ces rush provoqués par le piston de la seringue. Ainsi, certains tics, comme le split-screen cher au De Palma première période, qu’on jugerait a priori irrecevables, tiennent parfaitement la rampe ici, faisant de Jesus’ son un drôle d’objet filmique indatable, d’une incongruité bienvenue, rétif à la standardisation qui a étouffé le tout-venant de la production indépendante US.
Jesus’ son se déploie principalement autour de l’idée de circulation, même si toute destination reste incertaine, l’étape visée par le junkie, irrémédiablement condamné au surplace, n’étant que celle du prochain shoot. On assiste alors à un atypique road-movie en boucle, qui s’accapare habilement la structure du bouquin de Denis Johnson dont il est adapté, onze nouvelles-stations flottantes, parfois ici redistribuées dans un ordre aléatoire. Girouette, la narration procède par à-coups ou coups d’arrêt, allers-retours incessants, flashes back et forward, autorisant même certains photogrammes à se fixer. Avec, corollaire inévitable de ces convulsions, des hauts (la scène de l’hôpital, tordante) et des bas, comme si le film calquait son comportement sur celui de l’infirmier azimuté, interprété par le génial Jack Black, gobant à un rythme soutenu amphets’ et downers.
Par crainte de la surdose, Alison Maclean a, dans la dernière demi-heure déflationniste, recours au Subutex. Ce sevrage est d’autant plus regrettable qu’il s’accompagne le Jesus du titre faisant retour sans qu’on l’ait sonné de l’inévitable rédemption sous le soleil de Phoenix. Une erreur d’aiguillage certes répréhensible mais qu’on tentera d’occulter, pour ne retenir que les psychotropes infiltrations sous-cutanées qu’elle pratiqua plus d’une heure durant sur un cinéma américain trop sage et apathique.
{"type":"Banniere-Basse"}