Chantal Akerman est la première réalisatrice à se retrouver en tête de l’influent palmarès du magazine britannique “Sight and Sound”.
Sight and Sound, la revue de cinéma du British Film Institute, a couronné ce jeudi 1er décembre le film Jeanne Dielman, 23, quai du Commerce, 1080 Bruxelles (1975), de Chantal Akerman, meilleur film de tous les temps.
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C’est la première fois qu’une réalisatrice se trouve à la tête de cet influent palmarès, devant Vertigo d’Alfred Hitchcock (numéro 1 du même classement en 2012), et Citizen Kane d’Orson Welles (numéro 1 de 1962 à 2002), respectivement en deuxième et troisième position.
Déjà présent dans le classement de 2012 à la 35e place, le choix de placer le film en première position est significatif d’une rupture très forte dans les représentations cinéphiles et d’un véritable saut progressiste, visible à toutes les strates du classement. Mettant en scène Delphine Seyrig dans le rôle principal, le film présente le quotidien d’une mère célibataire travailleuse du sexe, alors qu’elle effectue ses tâches ménagères, un jour après l’autre.
Un classement prestigieux et plus progressiste
Le classement de Sight and Sound est une référence de la cinéphilie mondiale depuis 1952. Tous les dix ans, le magazine dévoile ses 100 meilleurs films de tous les temps, votés par plus de 1 600 critiques de cinéma, universitaires, distributeur·ices, écrivain·es, conservateur·ices, archivistes et programmeur·euses. Ce nouveau palmarès témoigne d’ un fort désir de rééquilibrage après des décennies où il n’était constitué en majorité que par des films réalisés par des hommes blancs.
Jeanne Dielman de Chantal Akerman et Beau travail de Claire Denis étaient les seuls films de réalisatrices à figurer dans le top 100 en 2012. Le sondage de cette année présente maintenant onze films de réalisatrices dans le top 100,et quatre dans le top 20, avec de nouvelles entrées : News From Home de Chantal Akerman (52e), Cléo de 5 à 7 (14e) et Les Glaneurs et la Glaneuse (67e) d’Agnès Varda, Meshes of the Afternoon de Maya Deren (16e), Les Petites Marguerites de Vera Chytilová (28e), Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma (30e), Wanda de Barbara Loden (48e), Le Piano de Jane Campion (50e) et Daughters of the Dust de Julie Dash (60e).
En 2012, un seul film d’un cinéaste noir figurait au classement : Touki Bouki de Djibril Diop Mambéty, à la 93e place. En 2022, Touki Bouki grimpe à la 67e place et est rejoint par sept autres œuvres de cinéastes noirs : Do the Right Thing de Spike Lee (24e), Killer of Sheep de Charles Burnett (43e), Daughters of the Dust de Julie Dash, Moonlight de Barry Jenkins (60e), et Get Out de Jordan Peele et Black Girl d’Ousmane Sembène (95e).
On retrouve également cette année douze films asiatiques au classement (contre trois en 2000) dont deux figurent dans les cinq premiers : In the Mood for Love de Wong Kar-Wai et Voyage à Tokyo d’Yasujirô Ozu. On note également l’entrée d’Apichatpong Weerasethakul au classement avec son film Tropical Malady, en 95e position.
Dix-neuf films sont sortis du classement cette année dont deux films de Renoir, La Grande Illusion et Partie de campagne, Fanny et Alexandre d’Ingmar Bergman, Nashville de Robert Altman et Chinatown de Roman Polanski. L’éviction du seul film classé de Roman Polanski est évidemment un autre signe des temps.
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