La vie d’une famille modeste d’Alsace. Une saga documentaire d’une rare acuité.
La vie compliquée de Sabrina, fille-mère de 16 ans, qui fait la navette entre Mulhouse et Colmar.
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Remarquablement cadré par la cinéaste elle-même, ce documentaire a d’une part le mérite d’explorer un monde clos et cohérent – une famille modeste vivant dans une cité HLM en Alsace –, d’autre part de nous présenter des tableaux d’une clarté, d’une frontalité, d’une exhaustivité comme on n’en voit pas dans les fictions.
C’est le dernier volet d’une trilogie amorcée par Avec ou sans toi et Emmenez-moi. Cette fois, Marie Dumora suit Sabrina, membre de la famille Muller, aperçue dans Avec ou sans toi.
Sans rien inventer, la cinéaste cherche à raconter une histoire, faisant du baptême du petit David, le fils de Sabrina, une sorte de point d’orgue dans ce récit des aléas d’une existence un peu chaotique mais d’une vitalité indéniable (Sabrina, apprentie femme de chambre dans un hôtel, en conflit avec sa mère, retournant au foyer qui l’héberge régulièrement).
Malgré des dysfonctionnements en cascade, ce qui prime, c’est un naturel, une crudité basique des personnages (avec leurs tatouages, leur accent, leur gouaille) dont la fiction française semble avoir perdu le secret.
Cela se traduit par une myriade de séquences d’une splendeur hypnotique : le départ pour le baptême devant l’immeuble HLM ; la très renoirienne séquence de la baignade des enfants durant laquelle Sabrina se dispute avec sa mère ; la virée à la fête foraine de Sabrina et Belinda avec un jeune et beau gitan…
Autant de scènes, de figures qui sont devenues lettres mortes dans un cinéma français où les termes de “prolétaire” et “populaire” semblent devenus désuets. “Les gens de cette marge ne sont pas présents ni représentés”, remarque la cinéaste.
En tout cas ici, ils existent bel et bien. Ils crèvent l’écran.
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