JE T’AIME, JE T’AIME…d’Alain Resnais, avec Claude Rich, Olga Georges-Picot, Anouk Ferjac (1968, France, 90 mn) L’un des plus beaux Resnais : un voyage amoureux et métaphysique où passé et futur sont abolis par un présent d’éternité. Sublime. Quelle minute de votre vie aimeriez-vous revivre ? Cette question, littéralement fantastique, est le point de départ […]
JE T’AIME, JE T’AIME…
d’Alain Resnais, avec Claude Rich, Olga Georges-Picot, Anouk Ferjac (1968, France, 90 mn)
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L’un des plus beaux Resnais : un voyage amoureux et métaphysique où passé et futur sont abolis par un présent d’éternité. Sublime.
Quelle minute de votre vie aimeriez-vous revivre ? Cette question, littéralement fantastique, est le point de départ de ce Resnais magnifique et trop méconnu. Claude Ridder (Claude Rich, lunaire), écrivain solitaire et employé anonyme, a tenté de se suicider. Une équipe de scientifiques le récupère au sortir de sa convalescence et lui propose de tenter sur lui une expérience de voyage dans le temps. Mais on n’est pas chez Jules Verne. Ici, pas d’effets spéciaux spectaculaires : la machine à remonter le temps ressemble à un cerveau géant ou à une grosse éponge, les scientifiques à des clercs de notaire… A la place, et on y gagne au change, Resnais nous embarque dans un périple amoureux et métaphysique. Claude ne doit passer qu’une minute dans son passé. Oui, mais voilà : cette minute est tellement parfaite (une minute de plénitude au bord de la mer avec la femme de sa vie) que Claude ne veut plus en sortir, quitte à la revivre à l’infini (d’où le titre : on est ici dans la répétition, dans l’éternel retour). Cette obstination à rester dans cette minute parfaite dynamite l’expérience : Claude va revivre, par bribes, dans le désordre, d’autres temps forts de sa vie avec Catherine (Olga Georges-Picot), moins parfaits, de leur rencontre à la mort mystérieuse de celle-ci. A la manière d’un Proust en littérature, Resnais abolit le temps : il n’y a plus ni passé, ni futur, seulement un présent éternel, créé en continu par la mémoire. Claude peut mourir : il a rencontré l’éternité.
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