Un passionnant montage d’archives où Gainsbourg se raconte lui-même à travers ses entretiens.
On pense avoir tout lu, tout vu et tout entendu sur Gainsbourg, et pourtant, ce nouveau documentaire captive, fascine, émeut et devient un nouveau must pour tous ceux qui sont sensibles au grand Serge.
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Je suis venu vous dire… frappe d’abord par son imposante compilation de documents gainsbourgiens, dont beaucoup sont rares, inédits ou très anciens : chansons célèbres ou non, musiques, extraits audio ou télévisuels qui remontent jusqu’à ses débuts dans les cabarets de la rive gauche, on est face à un corpus impressionnant (bravo à la productrice Miriana Bojic Walter dont le travail de recherche et de droits a dû s’avérer titanesque).
Inutile de commenter cette somme d’extraits, c’est du Gainsbourg, soit ce mélange de classe, d’inspiration musicale, de génie des textes, de punkitude, de métèquerie et de mélancolie dont on ne se lasse pas. Mais on peut aussi prolonger l’éloge de ce que Pierre-Henry Salfati a fait de cette masse de matériel.
L’idée centrale : faire raconter Gainsbourg par lui-même. D’où environ 80 % d’images de provenance documentaire, montées à peu près chronologiquement et liées entre elles par la voix off du chanteur. Un prodige que cette voix off : assemblage de dizaines d’entretiens, elle donne l’impression que le Serge commente en direct le film de sa vie. Et quelle voix !
Chuintante, nicotinée, chuchotante, parfois épuisée par les gitanes ou par la mort qui approche, proférant des vérités assez fortes sur le statut d’artiste, le fait d’être un Français d’origine étrangère (“juif et russe, donc doublement nègre”, dit-il), la condition humaine, les différences entre Ginzburg, Gainsbourg et Gainsbarre, bref, une parole juste bouleversante.
Quand les images manquent, notamment pour l’enfance et la jeunesse pré-chanson, Salfati les a inventées, soit par de judicieux extraits de films (notamment russes), soit en tournant quelques séquences évocatrices.
Et on n’en finit plus de fantasmer sur Odessa, cité dont étaient originaires la mère de Gainsbourg mais aussi les grands-parents d’un autre célèbre juif russe du microsillon, Bob Dylan. Intelligent et sensible, le film de Salfati est à la hauteur d’un artiste, peintre raté devenu génial auteur-compositeur-interprète, dont les lumières continuent de rayonner plus de vingt ans après sa disparition.
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