Louise Bourgoin plongée dans un film social univoquement grisâtre.
Tout fout le camp dans la vie de Sandrine. Au chômage à 30 ans, obligée de revenir squatter la maison de sa mère dans la banlieue de Roubaix, elle accepte un poste d’assistante dans un chenil, dont elle ne va pas tarder à découvrir qu’il sert de plaque tournante à un vaste trafic de chiens, façon Donnie Brasco chez les toutous.
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Aspirée dans un engrenage criminel par nécessité économique, l’héroïne entre peu à peu en résistance et met au jour une organisation mafieuse originaire d’Europe de l’Est. Réinterpréter le film social à l’aune des codes du polar, c’était déjà l’opération miraculeuse du film des frères Dardenne, Deux jours, une nuit, qui propulsait Marion Cotillard dans une sorte de quête haletante pour sauver son job. Laurent Larivière a beaucoup moins de réussite.
Naturalisme anglo-saxon grimaçant
Auteur de courts métrages remarqués depuis quinze ans, dont le bel hommage à la cinéphilie Les Larmes, il trébuche ici sur le chemin d’un naturalisme anglo-saxon grimaçant, où aucun détail, aucune scène, aucune virgule narrative ne s’envisage autrement que sous un angle performatif.
Dans sa direction artistique grisâtre, sa manière volontariste de saisir une Louise Bourgoin au naturel (i.e. sans maquillage, et affublée d’un pull affreux), mais aussi dans sa description ultrafolklorique du milieu mafieux, le film semble tout entier aspiré par un impératif vériste un peu décoratif, sans aucun horizon imaginaire.
Tour de force sulpicien
Même lorsqu’il fait un écart romanesque, à la faveur d’une soudaine love story entre son héroïne et un pieux médecin (Laurent Capelluto, l’un des secrets les mieux gardés du cinéma français), c’est encore au prix d’un tour de force sulpicien : jusque dans son érotisme, le film se refuse de voir au-delà de l’écume triste du réel.
Je suis un soldat de Laurent Larivière (Fr., Bel., 2015, 1 h 37)
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