« Oh ! Les flics ! On va se prendre une prune, on est garés dans la rue d’à côté. » Sur un trottoir du IIe arrondissement parisien, Moustic tire une bouffée sur sa clope et s’en va à la rencontre des deux gendarmettes qui alignent la rue. « On va peut-être avoir du bol, dit-il en revenant, […]
« Oh ! Les flics ! On va se prendre une prune, on est garés dans la rue d’à côté. » Sur un trottoir du IIe arrondissement parisien, Moustic tire une bouffée sur sa clope et s’en va à la rencontre des deux gendarmettes qui alignent la rue. « On va peut-être avoir du bol, dit-il en revenant, elles n’ont pas prévu de passer là où est garée ma bagnole. »
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Moustic nous a donné rendez-vous à la galerie 12 Mail, pour visiter l’expo de la photographe Sophie Bramly consacrée à la scène new-yorkaise hip-hop du début des années 80. Dans deux salles, des photos au cadre parfait, en noir et blanc, racontent les débuts du mouvement hip-hop, bien avant que celui-ci ne passe dans la culture mainstream. Son envers, ses backstages, ses héros devenus célèbres ou tombés dans l’oubli : Grandmaster Flash jeunot qui mixe, des danseurs qui esquissent des pas insensés, ou des gamins du Bronx River Art Center, qui fixent l’objectif, tout sourire. « Je retrouve vraiment l’ambiance », commente Moustic en se promenant devant les photos.
Il s’est rendu à NY pour la première fois en 1987.
« La ville était en faillite, les bagnoles de flics étaient taguées ‘PIGS’. Partout, les Blacks retrouvaient un peu de fierté. Tu le lisais dans les yeux. Je garde une image : un gars que j’avais croisé à un feu rouge, sous la pluie. Il portait un gros ghetto-blaster qu’il avait mis dans un sac poubelle avec un gros noeud. Il tenait sa gamine sous le bras, sa femme était à ses côtés. Le poste crachait Public Enemy. Je me suis dit ‘c’est là que je veux vivre’. »
A défaut, Jules-Edouard Moustic y est retourné quinze fois en quinze ans « mais pas pendant les années Bush », et s’est installé au Pays basque, dans le petit (et idyllique) village de Guéthary. C’est de là qu’il organise, avec sa compagne Christelle, Black & Basque, un festival pluridisciplinaire (musique, cinéma, street art, littérature) qui rend hommage à deux cultures qui le passionnent : basque et afro-américaine.
« Au Pays basque, il n’y a pas beaucoup de Blacks, plaisante le présentateur grolandais. Ils font tout eux-mêmes, il n’y a pas eu un grand besoin de main-d’oeuvre. Petit, j’avais une maman basque qui chantait des chansons en basque. J’ai toujours rêvé, après avoir découvert ado Ray Charles et la black music, d’entendre 300 Basques qui feraient les choeurs. »
Un rêve qui pourrait bien devenir réalité ce week-end. Chauffés par le Bal 2 Vieux ambiancé par Laurent Garnier, les Bayonnais et les habitants de la région pourront écouter entre autres Angélique Kidjo (marraine de l’événement), Akhenaton ou Faf Larage.
Son festival, Moustic l’a monté en six mois. « C’est un sacré bordel, j’imaginais pas. Il faut penser à tout, du bracelet VIP aux toilettes sèches en passant par l’accueil des artistes », explique-t-il. Les copains ont donné un coup de main, les associations locales aussi. Moustic les appelle affectueusement « la force basque ». « On tenait vraiment à impliquer les gens du coin. » Les étudiants des beauxarts de Bayonne participent à l’atelier street art, des taloas (galettes de farine basques) seront vendues au profit d’associations d’accompagnants de handicapés.
« Les pêcheurs de Saint-Jean-de-Luz nous filent aussi 500 kilos de sardines qu’on vendra sur place », explique Moustic avant de conclure :
« Quand tu vieillis, soit tu lis les pages saumon du Figaro et tu te réveilles mort, soit tu te mets un petit pull sur les épaules, tu te présentes en tant que maire en arpentant les cafés de la ville avec ta femme. Soit tu fais de la politique au sens large et t’essaies d’organiser des trucs. »
Comme on dit à Groland, rendez-vous dredi à Bayonne.
Géraldine Sarratia
Black & Basque festival les 9, 10 et 11 septembre à Bayonne (La Poterne) 1981 & + exposition de Sophie Bramly à la galerie 12 Mail, jusqu’au 9 septembre, www.12mail.fr
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