Le vrai début du printemps, c’était le samedi 13 avril sur la place de l’Hôtel-de-Ville à Paris. Pour fêter Jacques Demy, des centaines de personnes plus ou moins jeunes, plus ou moins coordonnées, se sont réunies ici à l’occasion d’un grand flash mob organisé par l’équipe en charge de l’exposition consacrée au réalisateur à la […]
Le vrai début du printemps, c’était le samedi 13 avril sur la place de l’Hôtel-de-Ville à Paris. Pour fêter Jacques Demy, des centaines de personnes plus ou moins jeunes, plus ou moins coordonnées, se sont réunies ici à l’occasion d’un grand flash mob organisé par l’équipe en charge de l’exposition consacrée au réalisateur à la Cinémathèque française. Il y avait des chorégraphes professionnels, des enfants, des familles, des couples, des gens seuls venus chanter et danser ensemble sur deux airs célèbres des Demoiselles de Rochefort.
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Au milieu de la foule compacte et assez excitée, on distinguait un type en blouson de cuir et lunettes de soleil, un vieil appareil photo Leica pendu autour du cou. Le type n’était pas un pervers, mais l’acteur et réalisateur Mathieu Demy qui venait incognito pour observer le bel hommage que les Parisiens rendaient cet après-midi à son père. « C’est dingue, t’as vu le monde, je ne croyais pas que ça prendrait cette ampleur, c’est fort », répétait-il, surpris et ému en se faufilant dans la foule. Mais c’est quoi, au juste ? « Il y a quelques heures, je croyais qu’un flash mob, c’était un cyclomoteur qui va très vite, dit-il, alors qu’apparemment c’est une génération spontanée de danseurs qui surgit de nulle part. »
On voudrait maintenant l’inviter à danser, mais il se défile poliment : « Je ne connais pas du tout la chorégraphie, et toi non plus, je suppose ! On va être ridicules. » Lui n’est là que pour profiter du moment et prendre des photos, qu’il publiera plus tard sur sa très active fan-page de Facebook. Il disparaît d’ailleurs dès que les premières notes de la musique de Michel Legrand retentissent, sonnant le début du flash mob : la Chanson des jumelles d’abord, suivie de La Chanson d’un jour d’été. Un cercle de danseuses et danseurs très au point sur la chorégraphie s’organise alors au milieu de la place de l’Hôtel-de-Ville – que l’on n’avait jamais vue aussi colorée -, tandis qu’autour, des gens reprennent en choeur les paroles et s’essaient à quelques mouvements.
Des garçons portent des marinières, des petites filles en robe rouge ou jaune se prennent pour les soeurs Garnier, des vieilles dames chantent qu’elles aiment « la vie et les fleurs », c’est très beau et l’on se dit qu’il n’y a personne d’autre que Jacques Demy pour susciter un tel engouement dans l’histoire du cinéma français. « Jacques voulait être un cinéaste populaire, nous confie le reporter photo, une fois revenu de son expédition. Il n’a pas toujours réussi mais incontestablement Les Demoiselles de Rochefort est un film qui plaît, grâce aux chansons, grâce à la bonne humeur, et parce que c’est un film que l’on peut voir à tous les âges. Ça colle très bien à l’esprit de ce genre de manifestation. »
Le flash mob terminé, Mathieu Demy va pouvoir rentrer chez lui pour souffler un peu après des mois de travail consacrés à l’exposition de la Cinémathèque française et à la restauration de l’oeuvre de son père. Il nous dit qu’il se replongera dans l’écriture d’un nouveau film, deux ans après la sortie d’Americano. Il jure qu’il se souviendra de cet après-midi de printemps.
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