Sur un plateau, il flippe. Son bien le plus précieux est une affiche de cinéma dédicacée par Jean-Pierre Léaud. Rencontre avec Jason Schwartzman, comédien fétiche de Wes Anderson.
En douze ans de carrière et à peu près autant de rôles au cinéma ou à la télé – en plus de deux albums pour son projet solitaire Coconut Records -, Jason Schwartzman s’est imposé comme une figure singulière de la comédie américaine, sorte de dandy postado, en équilibre parfait sur le fil qui sépare l’ironie de la sincérité.
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Dans Scott Pilgrim, qui sort le 1er décembre sur les écrans français, il compose face à Michael Cera un bad guy aussi retors que désopilant, patron de label prêt à tout pour avoir la fille de ses rêves. Il a accepté, depuis sa résidence californienne, de nous parler longuement : de musique, de cinéma, de trouille au ventre, de Paris, de Los Angeles, de Bowie… Mais surtout de Jean-Pierre Léaud. Entretien.
Que faites-vous en ce moment ?
J’écris le troisième album de Coconut Records. Enfin j’essaie car c’est très dur. Ça me prend un temps fou. Je n’ai pas de groupe, personne pour m’aiguiller, personne pour rebondir sur mes idées. Je fais tout tout seul et c’est harassant.
Vous ne voulez toujours pas jouer en concert ?
Non, j’ai trop peur de jouer live. Je ne crois pas être un natural born singer. Certains sont nés pour ça, se poser sur scène et dire : « Ecoutez ces paroles que j’ai écrites pour vous. » Moi, ce n’est pas mon truc. Je préfère envisager les choses à plat, en studio. De toute façon, ça prendrait des années pour trouver un bon groupe avec qui je m’entende.
Au début des années 2000, vous étiez batteur au sein du groupe Phantom Planet. Est-ce pour cela que vous avez peur d’être sur le devant de la scène ?
C’est vrai qu’être batteur rend les choses plus simples. Un jour, mon petit frère Robert et son groupe Rooney m’ont demandé de faire leur première partie. J’ai trouvé très inconfortable de me trouver devant tous ces gens qui connaissaient mes paroles, commençaient à les chanter… Je me suis mis à flipper : c’était beaucoup trop d’énergie qui arrivait jusqu’à moi !
Pourtant, en tant qu’acteur, vous vous projetez en permanence sur le devant de la scène.
C’est différent. Jouer la comédie est très personnel, on y met une grosse part de soi mais en définitive on ne fait qu’interpréter les mots d’un autre. Et puis il n’y a pas grand monde devant soi. Quand je chante, je n’ai pas cette interface du personnage, je suis à nu.
Les caméras vous intimident moins que le public ?
Les deux m’intimident, à vrai dire. A chaque fois que je vais sur un plateau, j’ai la trouille au ventre et je n’arrive jamais vraiment à m’en débarrasser. D’autant plus qu’avec la comédie, on n’est jamais sûr que les gens vont trouver vos pitreries amusantes. Certains semblent ne pas en douter, moi si, tout le temps.
Les résultats médiocres de Scott Pilgrim au box-office américain vous ont déçu ?
Bien sûr, mais les films ont une longue vie. Il est sorti en DVD, des gens l’achètent. Ceux qui l’ont vu semblent l’aimer. C’est le plus important à mes yeux.
De quel film êtes-vous le plus fier ?
Je ne suis pas fier des films en fonction de ma performance, plutôt en fonction de l’expérience. Je suis très fier de Rushmore. C’était mon premier, j’ai eu la chance de travailler avec Wes Anderson et Bill Murray, que j’admire énormément… J’adore Huckabees également, de David O. Russell, avec Dustin Hoffman et Isabelle Huppert. Et puis A bord du Darjeeling Limited, que j’ai coécrit et où j’ai mis beaucoup de ma personne… J’ai du mal à préférer l’un plutôt que l’autre.
Vous venez souvent à Paris ?
Pas assez à mon goût. Quand je travaillais sur Rushmore, Bill Murray, qui a vécu à Paris après S.O.S. fantômes, m’en parlait tout le temps.
[attachment id=298]J’avais 17 ans, j’admirais Bill et Paris me semblait la ville la plus cool et romantique du monde. Quand j’y suis allé pour la première fois en 2006, pour le tournage de Marie-Antoinette, j’y suis resté un petit moment puis j’y suis retourné pour écrire Darjeeling avec Wes et Roman (Coppola, son cousin, puisque Jason est le fils de Talia Shire, actrice et soeur de Francis Ford Coppola – ndlr). Au début, je me sentais complètement étranger et puis peu à peu, à force de me balader avec ma femme, je me suis rendu compte que Paris était la ville dans laquelle j’avais passé le plus de temps, excepté Los Angeles.
Quel est votre quartier préféré ?
C’est un peu banal mais je dirais le Quartier latin, avec tous ses cinémas qui passent des vieux films.
Vous allez beaucoup au cinéma ?
Oui. Avant de travailler sur un film, j’adore voir ou revoir des films classiques. J’ai un rapport très romantique au cinéma, l’impression d’appartenir à une grande tradition. Ça me permet aussi de me concentrer, c’est comme faire de la méditation. Certains font des arts martiaux ou de la relaxation, moi je regarde des films.
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