Le quatrième épisode de la saga d’espionnage opère un retour aux origines du héros. Avec une fascinante capacité à intégrer notre monde virtuel.
Identity, Supremacy, Ultimatum (et le dérivé Legacy), et maintenant ? Un simple nom, Jason Bourne. Retour aux sources, c’est-à-dire au père, dans ce nouvel épisode très psychanalytique de la saga d’espionnage. Cette quête des origines, disons-le, n’est pas la meilleure idée de ce film qui marque aussi le retour de “Papa” Greengrass, réalisateur des épisodes 2 et 3. Entre les mains, toujours aussi tremblantes et néanmoins miraculeusement habiles, du cinéaste britannique, Matt Damon reprend sa course effrénée où il l’avait laissée, avec l’objectif désormais de comprendre ce qui l’a poussé à devenir, volontairement, une machine à tuer.
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Hors-la-loi parcourant l’Europe et épanchant sa soif de violence dans des combats clandestins (à la manière de son cousin télévisuel, l’autre J. B., Jack Bauer), Bourne revient aux affaires à la faveur d’un vol d’informations confidentielles, orchestré par sa vieille amie Nicky Parsons (Julia Stiles) et mettant en émoi la CIA et son nouveau chef (Tommy Lee Jones).
Sur le plan structurel, Jason Bourne fait preuve de peu d’originalité, trimballant son héros traqué de ville en ville, dans une Europe passoire et en crise (scènes d’émeute en Grèce un poil exagérées mais très fortes), à la recherche de son identité égarée. Et si formellement Greengrass maîtrise toujours son sujet (la quête de sens dans le chaos visuel), une impression de déjà-vu flotte. Rien de rédhibitoire, mais ce conservatisme affaiblit quelque peu le film.
Terrifiante war room
Jason Bourne fascine en revanche par sa capacité à intégrer le contemporain (hacking, lanceurs d’alerte, big data et surveillance globale), et en faire un puissant moteur narratif. Chaque scène d’action est ainsi guidée par un principe de “coup d’avance”, qu’il soit le fait de Bourne l’insaisissable ou de l’analyste de la CIA en charge de l’attraper, l’excellente Alicia Vikander. D’une efficacité robotique, le personnage interprété par l’actrice suédoise dispose d’une masse d’informations illimitée, moulinée par des algorithmes prédictifs qui anticipent chaque mouvement.
La war room, depuis toujours le motif favori du colonel Greengrass, acquiert ici une dimension nouvelle, et proprement terrifiante : non plus le lieu où le réel apparaît, a posteriori, dans sa crudité topographique (l’humain comme points, lignes et plans), mais celui où le réel se dessine avant même d’exister (l’humain comme pixel dans une simulation déjà écrite). Idée de titre pour le prochain épisode : Bourne’s Virtuality. Jacky Goldberg
Jason Bourne de Paul Greengrass (E.-U., 2016, 2 h 03)
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