La chanteuse et actrice britannique était l’invitée de « Dans les yeux de… » sur Radio Nova. Elle est revenue sur la femme qu’elle incarne, sa carrière au cinéma et ses amours.
Dans les yeux de… sur Radio Nova, une émission de Jean-Marc Lalanne, rédacteur en chef des Inrockuptibles, a pour objectif d’explorer le rapport aux images de l’invité(e), de sa prime enfance jusqu’à celles qui peuplent son environnement contemporain.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
C’était au tour de la chanteuse et actrice anglaise naturalisée française, célèbre pour son chuchotement suave et son charmant accent, de se prêter à l’exercice. Alors qu’une restrospective lui est consacrée à la Cinémathèque française, elle commence naturellement par parler de son premier rôle au cinéma, dans le Blow Up de Michelangelo Antonioni en 1966 :
« On est venu me proposer ce petit rôle. J’ai rencontré Antonioni mais à la fin de l’entretien, il m’a conseillé de rentrer chez moi et d’y réfléchir, car c’était nu, totalement nu. J’en ai parlé à John, mon mari, et il m’a dit « Si, tu vas le faire parce que c’est un des plus grands metteurs en scène au monde. Mais bon, comme tu éteins les lumières même à la maison…« . J’étais très prude à l’époque. Ca m’agaçait beaucoup qu’on ne croit pas que j’aurais le courage de le faire. J’ai donc dit à Antonioni que je le faisais. »
« Faire des photos pour Lui Magazine, ça a vraiment marqué les gens »
Un rôle qui marque les débuts de son statut d’icône. Jean-Marc Lalanne lui demande alors comment elle parvenait à concilier la jeune fille pudique qu’elle était avec le symbole de la libération sexuelle qu’elle devient dans le courant des années 70 :
« C’est vrai que je ne m’en rendais pas compte à l’époque mais faire des photos pour Lui Magazine, ça a vraiment marqué les gens. Je pensais que ça ne viendrait pas jusqu’en Angleterre mais mes parents étaient absolument horrifiés, pas par Je t’aime moi non plus, le disque, mais par les photos. Et puis être attachée à un radiateur, ma mère m’a quand même dit que c’était le truc qu’elle m’avait demandé de ne pas faire. Moi je trouvais ça original pour Noël. »
Quand on lui demande comment elle a pu passer d’une éducation très puritaine à une forme de liberté sexuelle, elle répond du tac au tac :
« Serge, Serge. Il était axé là-dessus, quelque chose d’incroyable. Et puis, on a très vite enregistré Je t’aime moi non plus qui était tout une affaire, le morceau a été condamné par le pape, interdit sur la BBC. Et je suis très contente parce qu’on m’a dit que, dans les pays où il y avait peu de liberté sexuelle, comme l’Espagne, cette chanson sonnait comme une libération. »
« Avant ça, c’était un peu une terreur de ne pas avoir de seins »
De par son style vestimentaire révolutionnaire, elle a également redéfini les contours de la féminité ; T-shirt simple, sans soutien-gorge, jupe ultra-courte ou jeans pattes d’eph, un coté garçonne qui n’empêche pas une sensualité affolante. Mais au-delà de son style, c’est aussi par son physique qu’elle estime avoir fait bouger les lignes :
“J’étais contente parce que j’ai lu un jour dans un magazine la lettre d’une fille qui disait que j’avais changé sa vie parce que je n’avais pas de seins. Et je trouvais ça formidable. Si les filles sans seins se sentaient mieux parce que quelqu’un d’aussi magnifique que Serge trouvait que c’était le summum de la beauté, eh bien, c’était formidable. Avant ça, c’était un peu une terreur de ne pas avoir de seins.”
Après ses débuts dans le haut du panier du cinéma d’auteur international, elle devient très connue aux yeux du grand public français avec des comédies populaires où elle forme un duo chic et choc avec Pierre Richard. C’est l’époque de La Moutarde me monte au nez et de La course à l’échalote.
https://www.youtube.com/watch?v=HTTCMiUPfNI
Après le comique, elle retourne à un cinéma d’auteur plus sombre :
“J’avais quitté Serge sur un film, La fille prodigue, et je partais avec Jacques Doillon, c’est peut-être le meilleur film que j’ai fait de ma vie. C’était incroyable de travailler avec un metteur en scène qui te parle pendant les prises, qui te pousse à être meilleure. Et puis les textes étaient magnifiques à défendre. Je n’avais jamais vu ça. »
La comédienne revient également sur ses débuts au théâtre avec Patrice Chéreau en 1985 dans La Fausse Suivante de Marivaux et sur sa découverte du cinéma de Jacques Rivette, avec qui elle tournera trois films :
“Je ne connaissais pas du tout Rivette alors Jacques m’a dit que Céline et Julie vont en bateau devait passer quelque part dans le Quartier latin. Je suis allée le voir et c’était un miracle. On sortant de là, j’étais si enthousiaste! Je n’avais jamais vu un tel film. Je suis rentré chez moi et j’ai appelé Rivette pour lui dire que je faisais le film avec lui. »
Quand elle parle de ses filles, elle évoque notamment les débuts de Charlotte avec le très osé Lemon Incest qu’elle enregistre avec son père, “J’avais aussi été scandaleuse à mes débuts. Mais ça semblait tout à fait évident qu’elle fasse ça. Elle avait quelque chose de secret qui n’a jamais été percé.”
L’intégralité de l’émission est disponible ici ou à écouter en podcast ci-dessous :
Le portrait de Jane Birkin menottée à un radiateur qui illustrait la reprise de l’entretien accordé à Radio Nova à l’occasion de la rétrospective de ses films à la Cinémathèque française publié le 11 février 2017, est l’œuvre de Francis Giacobetti. Il a été réalisé pour le magazine LUI n° 131 paru en décembre 1974. Les Inrocks présente ses excuses au photographe et à ses lecteurs pour l’omission de la mention de sa signature.
{"type":"Banniere-Basse"}