L’acteur-réalisateur James Franco compare Shia LaBeouf à Marlon Brando dans une tribune intitulée « Pourquoi les acteurs déconnent » publiée par le New York Times.
Qui mieux que James Franco, acteur-réalisateur hyperactif, personnage insaisissable, narcisse spécialisé dans la mise en scène de soi sur Instagram, pour tendre la main à Shia LaBeouf ? Dans une tribune intitulée « Pourquoi les acteurs déconnent » publiée le 19 février sur le site du New York Times, James Franco commente l’étrange comportement adopté par LaBeouf depuis quelques temps. Après avoir souhaité qu’il ne s’agisse pas d’une dépression nerveuse, Franco explique happenings et plagiats comme autant de moyens visant à se réapproprier son image publique :
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
« J’espère – et oui je sais que cette idée peut paraître prétentieuse ou seulement pleine de sous-entendus ridicules – que ses actions font partie d’une performance artistique, dans laquelle un jeune homme dans une profession très exposée tente de reprendre possession de son personnage public. »
Pour lui, « tout artiste peut faire l’expérience de la distance entre lui-même et son personnage public. Mais comme les acteurs sont confrontés à la notoriété dans une plus grande mesure, nos personnages publics peuvent se sentir à la merci de forces que l’on ne peut contrôler. » Dès lors, l’acteur peut être tenté de jouer avec son image dans une optique de rébellion. Une posture qui déclenche, souvent, un cercle vicieux : la déconne entraîne une mauvaise publicité à laquelle l’acteur répond par davantage de déconne, ce qui débouche sur encore plus de mauvaise publicité etc. Voir à ce propos les exemples édifiants de Britney Spears, de Lindsay Lohan ou de Miley Cyrus.
Acte de rébellion
James Franco appuie son propos en comparant Shia LaBeouf à Marlon Brando (rien que ça) :
« Les rôles de Brando ont révolutionné le jeu américain car il ne semblait pas ‘jouer’ (…). En dehors des plateaux, il défiait le contrôle des studios sur son image, autorisant son poids à fluctuer, choisissant des rôles qui étaient jugés pas à sa hauteur et refusant l’Oscar du meilleur acteur en 1973. C’était des actes de rébellion contre l’industrie qui ont pratiquement forcé un acteur à s’identifier à son personnage tout en s’en détachant. »
Franco prend également pour exemple sa propre expérience d’acteur : « A certains moments, j’ai senti le besoin de me dissocier de mon travail et de mon image publique. En 2009, ma décision de rejoindre le soap Hôpital général, au moment où je bossais sur des films qui allaient être nommés aux Oscars et acclamés par la critique, résultait en partie d’un effort pour secouer les attentes qui pèsent sur un acteur et saper la hiérarchie tacite – ou pas si tacite – du divertissement« . Et dresse donc un parallèle entre lui et Shia LaBeouf : « Mr LaBeouf joue depuis qu’il est enfant et souvent le besoin qu’a un acteur d’abattre la création publique qui le restreint surgit au cours du passage à l’âge adulte. Je pense que le projet de Mr LaBeouf, s’il s’agit bien d’un projet, est louable. J’espère juste qu’il fait attention à ne pas épuiser toute la bonne volonté qu’il a acquis en tant qu’acteur dans l’unique but de nous montrer qu’il est un artiste« . Tiens, nous aussi.
Si la tribune de James Franco présente un certain intérêt, la question de son utilité peut tout de même se poser. En effet, pourquoi Franco mène-t-il une réflexion pseudo-intellectuelle sur le vrai/faux pétage de boulon d’un de ses collègues si ce n’est pour participer à sa « performance » et/ou pour se présenter en tant que penseur, dans une démarche purement narcissique ?
{"type":"Banniere-Basse"}