Une rom com qui raconte les retrouvailles entre deux sex-addicts et remet plaisamment au goût du jour le culte “Quand Harry rencontre Sally”. Une cinéaste à suivre.
Ils se marièrent, eurent sans doute beaucoup d’enfants et vécurent probablement heureux. Si vous n’avez jamais vu une comédie romantique de votre vie ou si vous avez la naïveté de croire que celle-ci se terminera différemment que 99 % de ses congénères, désolé d’avoir gâché votre plaisir.
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Dans le cas contraire, vous savez pertinemment que celui-ci ne tient jamais à la résolution – toujours la même, peu ou prou – mais plutôt au chemin parcouru pour y parvenir. Et celui qu’empruntent les personnages de Jamais entre amis (Sleeping with Other People en VO), second long métrage de Leslye Headland après un Bachelorette déjà très réussi, est d’une rare beauté.
Jake et Lainey ne recoucheront pas ensemble
Produit, notamment, par les très recommandables Adam McKay et Will Ferrell, le film débute par un flash-back. Début des années 2000, Jake (Jason Sudeikis, qui trouve enfin un rôle à la mesure de son talent, jusqu’ici gâché dans la frange la plus fangeuse du genre) et Lainey (Alison Brie, remarquée dans 5 ans de réflexion et la série Community) sont étudiants, se croisent un soir accidentellement sur le campus et perdent ensemble leur virginité.
New York, treize ans plus tard : ils se retrouvent, tout aussi accidentellement, lors d’une réunion de sex-addicts. D’abord réticents à l’idée de se revoir, les anciens amants d’un soir renouent rapidement contact, mais signent un pacte : ils ne recoucheront pas ensemble et se contenteront de se raconter leurs aventures, en bons amis.
Une lente infusion du désir qui passe par la parole
De toute évidence, l’ombre du canonique Quand Harry rencontre Sally (de Rob Reiner et Nora Ephron) plane sur le film. La fameuse scène de l’orgasme simulé chez Kat’z Delicatessen y est même (remarquablement) rejouée sur un mode parodique, avec, cette fois-ci, le garçon qui apprend à la fille, à l’aide de ses doigts et d’une bouteille vide, à se faire jouir elle-même.
Comme son modèle avoué, Jamais entre amis fonctionne sur une progressive montée des affects, une lente infusion du désir qui passe avant tout par la parole, avant de jouer des frôlements. Filmées avec simplicité mais élégance, les situations laissent tranquillement couler leur suc et scellent la complicité entre les deux acteurs principaux, qui culmine lors d’une leçon de danse au milieu d’enfants dans un jardin.
Une boulimie sexuelle jamais brocardée
Cette façon d’éviter de filmer frontalement le sexe, souvent reprochée au genre – comme si, à l’inverse, il y avait aujourd’hui le moindre courage à montrer des corps qui s’enlacent sur ou sous des draps –, devient ici un atout, avec une tension sexuelle qui s’accroît à mesure que chacun y va de sa sale histoire offerte à l’autre. Leur boulimie sexuelle, en outre, n’est jamais brocardée, montrée comme une anomalie, mais plutôt comme un mode relationnel qui ne leur convient plus.
Seule l’humiliation gratuite, et franchement mesquine, du personnage joué par l’excellent Adam Scott vient noircir le tableau, sans toutefois briser l’envol de cette jeune cinéaste, Leslye Headland donc, sur qui il faudra désormais compter.
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