En attendant Manuel Ferrara dans un restaurant de Venice Beach, Los Angeles, on observe la famille assise à côté de nous. Manque de bol : il s’agit de Français. Comment parler de cul, par le menu, à moins d’un mètre d’un gamin de 8 ans ? Notre homme arrive, beau gosse bronzé, large sourire, T-shirt […]
En attendant Manuel Ferrara dans un restaurant de Venice Beach, Los Angeles, on observe la famille assise à côté de nous. Manque de bol : il s’agit de Français. Comment parler de cul, par le menu, à moins d’un mètre d’un gamin de 8 ans ? Notre homme arrive, beau gosse bronzé, large sourire, T-shirt bleu ciel. « J’ai la dalle », jette d’entrée de jeu l’acteur frenchy, nouvelle vedette du porno hollywoodien. Il sort d’un tournage à Zuma Beach, » dans une baraque magnifique ». Commande un New York steak ( » à point »), un jus de pamplemousse ( » jamais d’alcool ») et commence à nous raconter sa vie.
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Gêné, il se met la main devant la bouche quand on lui indique que la famille d’à côté comprend tout ce qu’il dit. Marié depuis bientôt huit ans et « toujours aussi amoureux », Manuel a trois gamins. Los Angeles, il y est arrivé à 26 ans, en 2002. John Stagliano, le créateur du « gonzo porno », l’avait remarqué dans un film de Rocco Siffredi, qui le parrainait alors dans le milieu.
Né dans la Seine-Saint-Denis, il y serait resté s’il n’avait pas commencé à faire du X. Aujourd’hui, il invite ses potes du 9-3 et sa famille en vacances dans sa belle villa de la San Fernando Valley, siège de l’industrie porno aux Etats-Unis. Il bosse quand il veut, produit ses propres films, ne tourne qu’avec des actrices qu’il choisit. Aime passer du temps en famille et jouer au basket avec ses potes. Il s’amuse de son succès, de tous ces messages qu’il reçoit sur sa page Facebook.
« Des femmes autant que des hommes, des gays comme des hétéros. Tu peux pas t’imaginer le nombre de maris qui veulent que je baise leur femme. »
Manuel commande une bouteille d’eau minérale. « J’aime bien cet endroit, il me rappelle mes débuts. Au départ, je voulais vivre à Venice. » Débarquer en Californie, « c’était comme un rêve. Je ne connaissais personne, mais tout le monde me reconnaissait ». La « french touch » était déjà en vogue il y a dix ans dans la profession.
« Les meufs, ici, quand tu es un petit nouveau, avec un accent français, c’est incroyable. »
Et puis, notre gloire nationale n’est pas n’importe qui. Celui qu’on surnomme ici le « latin lover » est célèbre pour son caractère passionné. Presque romantique, si l’on peut dire. Il rappelle l’importance de la séduction, des préliminaires, du désir.
« Dans l’action, il n’y a que la fille qui compte. Tu fais tout pour elle. C’est de l’amour, à ce moment-là. »
Il détonne ainsi dans l’univers parfois trop lisse du métier aux Etats-Unis, et avoue avoir du mal avec les Américaines ultramaquillées. (« Tu peux pas les embrasser, ça gâterait leur fond de teint. ») On passe au dessert. Manuel choisit un énorme gâteau au chocolat. Tout à coup, il lève la tête de son plat : « Hé ! y a pas mal de filles, ici. Oh ! lala ! regarde celle-là, derrière toi, avec son minishort. Et l’autre, à sa gauche. Putain, pourquoi elle se baisse ainsi… » Manuel nous dit qu’il ne peut pas s’en empêcher. Il a l’honnêteté des gens bien dans leur peau.
« C’est pas compliqué : je suis né pour baiser », conclut-il dans un large sourire, les yeux rivés sur les jambes d’une belle blonde.
Yann Perreau (texte et photo)
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