Jean-Louis Martinelli a rencontré Jafar Panahi le 21 février 2011 à Téhéran. Libération publie son témoignage frappant.
Actuel directeur du théâtre des Amandiers à Nanterre, Jean-Louis Martinelli était invité à animer un atelier d’acteurs au festival de Téhéran du 12 au 20 février. A cette occasion, il a tenu un journal dont un extrait relate sa rencontre avec Jafar Panahi, lundi 21 février, le dernier jour de son voyage.
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Le cinéaste iranien s’entretien avec Martinelli, estimant que sa parole ne doit pas être étouffée :
« Parlez, écrivez, témoignez de la façon dont vous pouvez et souhaitez le faire, c’est une des conditions de ma survie. Ma situation ne peut pas être plus difficile. Le silence, c’est la mort. »
« A tout moment, on peut venir me chercher pour me jeter en prison »
Qu’en est-il aujourd’hui ? Jafar Panahi a fait appel du jugement tombé le 20 décembre 2010. Depuis, il patiente dans une position instable : « Je vis là la pire des situations. A tout moment, on peut venir me chercher pour me jeter en prison. Je me refuse à téléphoner à mes amis, de peur de les mettre en danger, et leur demande, pour les mêmes raisons, de ne pas parler de moi.
Condamné pour le moment à errer dans le silence, caché, Jafar Panahi admet qu’il pourrait quitter le pays. Il ne le fera pas :
« Certes, je pourrais partir à l’étranger. D’ailleurs, probablement, ma mise en liberté en résidence surveillée répond à cet objectif. Je suis sûr qu’ils fermeraient les yeux sur mon départ mais je ne le ferai pas. Ma place est ici. Tout d’abord, en tant que cinéaste, je veux et dois filmer l’Iran et les Iraniens, dont je connais la façon de penser, la manière de marcher, de manger, de respirer. »
Jafar Panahi est aussi conscient qu’il est maintenant un symbole de résistance : « L’autre raison pour laquelle je ne peux partir, c’est ceci : que je le veuille ou non, je suis devenu, malgré moi, un symbole, et si je partais, tout le sens de mon travail serait perdu, je laisserais dans le désarroi tous ceux qui, ici, mènent un combat pour que la vie change. Enfin, je pourrais aussi faire repentance, par exemple en posant pour une photo avec Ahmadinejad, mais cela, je ne le ferai jamais. »
Arnaud Hallet
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