Avec plus de curiosité amusée que de réelle délectation, on croise ces jours-ci sur nos écrans télé un spot mettant en scène un faux jeune Jean-Luc Godard aux prises avec la confection maladroite d’un paquet-cadeau. Fulminant, le futur ermite de Rolle finit par lâcher l’affaire, affichant son patronyme sur le comptoir, pressé d’abandonner le magasin […]
Avec plus de curiosité amusée que de réelle délectation, on croise ces jours-ci sur nos écrans télé un spot mettant en scène un faux jeune Jean-Luc Godard aux prises avec la confection maladroite d’un paquet-cadeau. Fulminant, le futur ermite de Rolle finit par lâcher l’affaire, affichant son patronyme sur le comptoir, pressé d’abandonner le magasin pour courir en charger d’autres dans sa Bolex. « Ne gâchez pas votre talent », clame la pub de monster.com, site Web d’offres d’emplois. Signataire de l’exercice, ainsi que de nombreux courts films pour la Fnac, Philippe Pollet-Villard a, avec son premier long métrage, totalement dévoyé le sien. Et mérite les 170 paires de claques que son personnage reçoit enfant pour avoir organisé une tombola dont le premier prix n’est autre que la voiture de son père. Car passée cette introduction gentiment réjouissante, Jacqueline dans ma vitrine, qui narre le quotidien sordide d’un gérant de sex-shop et de sa compagne domina septuagénaire flagellant un unique client, propose une vitrine peu reluisante, un peep-show borgne. Entre une étude comparative des différents modèles de godes (ce gars-là aurait-il fait ses classes à 50 millions de consommateurs ?), la réorganisation des fermes normandes en parcs d’attractions zoophiles, et le gag éculé du chandelier intrarectal, tout se veut ici, de façon ostentatoire, uniformément laid et crapoteux.
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Si, à l’entendre, le vice ultime serait le spectacle de la vie ordinaire, Pollet-Villard échoue à en être l’inspiré maître de cérémonie. Mais il est très crédible en rabatteur. La version courte de ce cynique sinistre ne s’appelait-elle pas Ma place sur le trottoir ? « Entièrement fait à la main », et tourné avec les pieds, ce film décourage les vocations. Quelle place, sur le marché, pour un épigone trash d’Etienne Chatiliez ? Aux dernières nouvelles, par ailleurs, la Fnac recrute toujours des préposés à l’emballage.
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