Un mariage intéressé qui vire à la guerre de tranchées puis à la romance. Vaut surtout pour le tandem Cameron Diaz/Ashton Kutcher.
Qu’un couple doive se rater avant de se trouver, voilà une vieille leçon du cinéma hollywoodien qui cherche ici de nouveaux habits. Dans le vaste genre de la comédie du remariage, Jackpot ne s’inscrit pas dans la logique classique du “regagner ce que l’on
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
a perdu – l’amour”, mais dans le genre plus inédit du “gagner ce que l’on n’a pas encore – l’amour”. Ici, un garçon et une fille, à la suite de mésaventures alcoolisées à Las Vegas, se retrouvent un matin mariés l’un à l’autre. Ils ne se connaissent ni d’Eve ni d’Adam, mais l’appât du gain (un jackpot gagné ensemble) les oblige à rester mariés quelques mois, ou plutôt à se remarier sans même avoir divorcé.
Sur un canevas similaire à celui d’En cloque, mode d’emploi, où Judd Apatow racontait aussi les péripéties d’un tout jeune couple obligé de s’aimer et les efforts forcenés déployés pour se trouver des points communs (efforts dont la seule obstination, bien plus que la découverte d’affinités, faisait naître l’amour), le film de Tom Vaughan prend le chemin inverse.
Ici, la bonne volonté est abandonnée d’emblée, et la mauvaise, brandie. Chacun va déployer tout un arsenal de mauvais coups afin que l’autre déclare forfait et abandonne le magot. Cette idée intrigante – faire naître l’amour à coups de pioche – provoque malheureusement les plus mauvais passages du film, catalogue de vignettes sèches et anecdotiques, alors qu’il eût été bien plus payant de voir se déployer au long d’une vraie scène toute la violente antipathie qui peut surgir entre un homme et une femme.
Si l’armure est clinquante, les blessures seront plus réussies. Le film trouve ses qualités hors ces moments frénétiques (il faudrait bannir l’esprit MTV des salles de montage), dans des scènes plus attentives aux failles des personnages, lesquels abandonnent la colère spectaculaire pour la supplication muette. C’est, par exemple, Ashton Kutcher faisant comprendre qu’il ne faut pas dévoiler à ses parents la nature bidon du mariage, ou encore Cameron Diaz évoquant son ex-fiancé, mythique à ses yeux et lamentable aux nôtres. L’amour finit par pointer, en vertu de cette drôle de loi : se montrer à son désavantage est le meilleur moyen de se trouver soi-même. Si la fille devra être odieuse pour tomber amoureuse, le garçon devra se comporter en traître – sans doute la meilleure idée du film.
Cameron Diaz, et ses traits pékinois à la Claudette Colbert, confirme encore son talent pour jouer ensemble l’excès et la limite, soit la fille mi-déchaînée mi-complexée. Ashton Kutcher a la perfection marbrée de Gregory Peck, l’acteur que les spectatrices trouvent souvent très beau au départ et très fade in fine – mais son in fine à lui sera : “presque émouvant”.
{"type":"Banniere-Basse"}