Entre “Indiana Jones” et “Uncharted”, la première réalisation de Malik Bentalha est un pastiche de film d’aventure plutôt réussi assorti d’un inattendu sous-texte personnel.
Les comédies de jungle à la française se suivent et, généralement, se ressemblent : si l’activité de ce vieux rayon du cinéma populaire hexagonal ne s’est jamais démentie et même s’est quelque peu intensifiée récemment (Bienvenue chez les Malawas, Terrible jungle…), les films qui s’en réclament laissent toujours un fort goût de déjà-vu, comme s’ils ne pouvaient s’empêcher d’écrire leurs vannes en cochant les cases d’une grille de bingo propre au genre – maladies tropicales à éruptions cutanées, tribus onomatopéiques d’autochtones hostiles (les otopis, les malawas…), etc.
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Jack Mimoun ne déroge certes pas à cette règle et évolue donc en zone très défrichée – gentiment ironique vu le sujet –, mais arrive pourtant à tirer son épingle du jeu. Malik Bentalha y incarne une sorte de Bear Grylls français, animateur d’une émission de survie copieusement truquée, jouissant d’une notoriété et d’un confort matériel que va venir troubler une séduisante aventurière (Joséphine Japy) décidée à l’emmener avec elle à la recherche d’un trésor caché sur l’île la plus dangereuse du monde.
Un pastiche drôle et bien écrit
Le film parvient à tirer de son canevas cartoonesque quelque peu convenu quelque chose d’assez vivant et habité, grâce à des interprètes capables de s’approprier avec un certain sens du contrepied leurs rôles respectifs : le crétin bravache et secrètement paumé, le businessman froussard, le mercenaire décérébré s’incarnent en Bentalha, Commandeur et Damiens d’une façon légèrement sarcastique, subtilement à côté du rôle, dépourvue de niaiserie et somme toute très goscinnyenne.
Le film trouve ainsi un bon équilibre à l’écriture, qu’il doit en grande partie à sa dimension de pastiche : il s’est d’autant plus astreint à doser les gags qu’il s’inspire ouvertement de films d’aventure des années 1980, Indiana Jones en tête (modèle assumé jusqu’à l’affiche peinte façon Drew Struzan et la BO orchestrale), qui savaient canaliser la pantalonnade collective.
Sous-texte personnel
Ce que l’on retiendra surtout, c’est l’écho que Bentalha donne de l’affaire CopyComic, dont il fut l’un des principaux accusés. Car Jack Mimoun, on le comprend très vite, a usurpé l’histoire et les exploits d’un autre aventurier, y gagnant une grande notoriété télévisuelle doublée d’une belle fortune, hélas accompagnée d’un fardeau de honte et de secret (…“de Val Verde”, titre qu’on confierait aussi volontiers à un psy : pourquoi “secret” et pas “trésor” ?). Difficile de ne pas y voir une parabole, consciente ou non, sur la propre crise de légitimité du comédien – et donc aussi sur son droit à la surmonter.
Jack Mimoun et le secret de Val Verde de Ludovic Colbeau-Justin et Malik Bentalha. Avec Malik Bentalha, Joséphine Japy, Jérôme Commandeur, François Damiens et Benoît Magimel – En salle le 12 octobre
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