Avec “Iris et les hommes”, Caroline Vignal peine à retrouver l’élan comique de son “Antoinette…” mais réussit le portrait de son héroïne et sa nouvelle étude de l’amour et du désir.
À une époque où le “non” n’a jamais été aussi urgent, animant grand nombre de débats sur la question du consentement et plus largement sur les rapports entre hommes et femmes, Caroline Vignal, elle, se penche sur la question du “oui”, sans pour autant écarter la première. Avec Iris et les hommes, nouveau volet d’une collaboration que l’on imagine fructueuse avec sa complice et évidente alter-ego Laure Calamy, la cinéaste, dont l’irrésistible Antoinette dans les Cévennes avait électrisé le box office ciné d’une année 2020 pourtant meurtrie par d’intempestives fermetures de salles (en raison du Covid), poursuit son étude de l’amour et du désir de son héroïne cinquantenaire.
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Ici, Iris, double ou autre d’Antoinette, à qui la vie semble avoir donné toutes les réjouissances attendues par les dictats de l’amour moderne : un épanouissement professionnel en adéquation avec un bonheur conjugal et familial (un mari – Vincent Elbaz, tout en coolitude sexy –, deux filles, un bon salaire de dentiste, un confort bourgeois). Mais Iris s’ennuie, se désole surtout de ne plus faire l’amour avec son mari. Alors, par défi et envie, elle s’inscrit sur des sites de rencontre, type Tinder. La boîte de Pandore ouverte, elle découvre une réalité parallèle, métavers d’hommes qui la désirent et revitalisent son être sensuel et sexué.
Une comédie balbutiante
Des hommes que Caroline Vignal prend soin de ne pas réduire aux mâles dont s’amuse le titre du film, pour offrir au contraire une galerie de personnages, ou plutôt de rencontres, de situations fines et savoureuses où les questions de consentement et de désir partagé sont constamment mises en scène et problématisées. C’est sur ce versant, cette spéléologie intime et quasi anthropologique soutenu par une caméra en pleine recherche d’un érotisme équitable, que le film réussit le mieux.
À l’inverse, sur le terrain de la franche comédie (et de sa pente musicale), Iris et les hommes semble plus balbutiant, moins apte à provoquer cette subtile hilarité à l’œuvre chez son aîné, comme si le rythme même de ce récit aux inspirations de comédies de remariage était sans cesse entravé par le tiraillement d’Iris entre son corps et son esprit conditionné en manque d’air. Le film se montre aussi maladroit quand il confronte son hymne du “oui” au “non” de la jeune génération, dans une scène de clivage entre mère et fille à l’exécution maladroite. C’est finalement quand il se retrouve captif dans une chambre à coucher qu’il trouve sa plus juste vibration et qu’il fixe avec une belle intuition cette émancipation comme la prise de conscience du choix. Dire oui pour mieux pouvoir dire non.
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