MUSIQUE ANIMÉEDans l’euphorie de la réception cannoise enthousiaste d’Interstella, rencontre à chaud avec les deux cerveaux de Daft Punk (Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo), et Cédric Hervet,leur ami d’enfance et coscénariste.> LA GENÈSE“Après notre premier album, Homework, conçu pour la piste de danse et le club, on s’est demandé comment aborder le deuxième sans […]
MUSIQUE ANIMÉE
Dans l’euphorie de la réception cannoise enthousiaste d’Interstella, rencontre à chaud avec les deux cerveaux de Daft Punk (Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo), et Cédric Hervet,leur ami d’enfance et coscénariste.
> LA GENÈSE
« Après notre premier album, Homework, conçu pour la piste de danse et le club, on s’est demandé comment aborder le deuxième sans se répéter. On a réfléchi autour de l’idée du concept-album de rock-opéra. On pensait que cela serait amusant d’écrire un disque qui raconterait une histoire à adapter en long métrage. Or, la musique qu’on écrivait à ce moment-là allait vers des sensations d’enfance. Quand Discovery est sorti, la trame était déjà pensée. Beaucoup plus qu’un film traditionnel, on s’est dit qu’avec un conte qui passe des limousines aux vaisseaux spatiaux l’animation serait le médium le plus adapté pour traduire l’intrigue. Que ça permettrait de développer plus de choses du côté de l’enfance et de l’imaginaire. Oui, on a pensé à The Wall d’Alan Parker avec les Pink Floyd, ou à Yellow Submarine des Beatles, mais c’est finalement assez différent. A la limite, le projet dont on se rapproche le plus, c’est Tommy de Ken Russell, parce que l’album des Who est sorti avant le film. »
> LEIJI MATSUMOTO
« Pour l’animation, on avait des références, et en premier lieu, Leiji Matsumoto, le créateur d’Albator. On est partis au Japon voir des sociétés d’animation, sans être certains de pouvoir le rencontrer. Et non seulement on a pu le rencontrer, lui présenter le projet, mais il a tout de suite accroché à la musique et a accepté de le faire. Ça a fait basculer le projet dans un rêve qui devenait réalité. Matsumoto vit entièrement dans le cosmos qu’il a créé. Aussi bien mentalement que concrètement. A 70 ans, il porte un chapeau avec une tête de mort, qu’il arbore en permanence dans la maison qu’il a fait construire avec une déco et une architecture très futuristes. Ça ressemble à un vaisseau. Il n’a pas créé Albator ou Galaxy Espace 99 de façon détachée :ça correspond à des trucs qu’il ressent vraiment.
Il vit et pense dans cet univers qu’il a créé, comme George Lucas avec La Guerre des étoiles. Il nous a expliqué à quel point sa vie avait basculé quand il avait vu, à 14 ans, un film de Julien Duvivier, Marianne de ma jeunesse, avec Marianne Hold ; à quel point il était tombé amoureux de l’actrice ; que c’était ça qui lui avait donné envie de faire du dessin et que toutes les femmes qu’il dessinait étaient des répliques de l’héroïne de ce film.
Et comme c’était un film français, et que trois petits Français arrivaient cinquante ans après avec un projet créatif, il sentait qu’une boucle se bouclait, que c’était un symbole, un signe. L’idée que tout se rejoint. Et l’autre boucle que, nous, on a ressentie, c’est qu’il savait qu’Albator avait eu une grande importance en France pour toute une génération, et c’était la première fois qu’il pouvait justement envisager une collaboration artistique avec elle. Il a influencé cette génération d’enfants qui aujourd’hui revient vers lui pour créer quelque chose : ça l’a beaucoup touché ! »
> LES THÈMES
« Notre fantasme était de faire se rencontrer des thèmes comme l’industrie du disque, le showbiz, les limousines, la mode, avec des choses aussi différentes que les vaisseaux spatiaux, les galaxies. On ne s’est pas soucié de bon ou de mauvais goût. Avec des choses légères et d’autres plus sombres. Comme le disque : toute la première partie est joyeuse, ludique, dynamique mais, dans la seconde, on développe une dimension émotionnelle plus mélancolique. Aujourd’hui, lorsqu’on voit le film, on pense à la real TV, alors que ça n’existait pas en 2000, lors de l’écriture du scénario.
Sur l’évolution de l’industrie du disque, on était sans doute plus optimistes il y a dix ans. Les trois dernières années ont vu les choses régresser, et davantage se refermer. Donc la vision pessimiste du film sur l’industrie du disque prend, pour nous, un sens précurseur, voire visionnaire. Pas forcément notre vécu à nous, parce qu’on a la chance de pouvoir tenter des expériences. Ce qui est nouveau, c’est le cynisme. L’industrie n’a même plus honte de transformer un individu en produit formaté : c’est d’ailleurs ouvertement montré dans Star Academy. Il y a un coming-out de cette façon industrielle de fabriquer des vedettes en revendiquant que ça fait rêver les gens ! »
> UN FILM CULTE ?
« La seule chose dont on avait conscience, c’est d’inventer un genre inédit. Quand on crée un monde comme ça, à partir de rien, ça donne envie de le décliner.
On ne va pas passer notre vie dans ce monde-là non plus mais, pour le DVD, par exemple, on va donner des infos sur des détails qui, dans le film, peuvent sembler mystérieux.
L’idée était de bourrer le film de détails qui passent très vite pour donner envie de le revoir. Là,il y a un lien avec la musique : on n’achète pas un album pourne l’écouter qu’une fois.
Pour nous, ce qui définit un film culte, c’est qu’on puisse le voir et le revoir. »
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