Un court et un moyen métrage tournés avant Lovely Rita (remarqué à Cannes) par Jessica Hausner, Autrichienne plus subtile que son prof Michael Haneke. D’abord le court, Flora, qu’on pourrait appeler un brouillon de Lovely Rita, où comme dans les autres films de la cinéaste, le noyau narratif est la perte de l’innocence et accessoirement […]
Un court et un moyen métrage tournés avant Lovely Rita (remarqué à Cannes) par Jessica Hausner, Autrichienne plus subtile que son prof Michael Haneke. D’abord le court, Flora, qu’on pourrait appeler un brouillon de Lovely Rita, où comme dans les autres films de la cinéaste, le noyau narratif est la perte de l’innocence et accessoirement de la virginité d’une adolescente ordinaire en froid avec sa famille. Froid, voilà le mot qui caractérise le mieux le style si particulier de Hausner qu’on pourrait comparer à du Fassbinder figé, dévitalisé, dédramatisé. Tout en bridant sa caméra, en plaquant ses personnages dans des postures et des cadres plastiques de roman-photo, la cinéaste cultive l’ironie, voire le cynisme jusque dans ses hors-champ. Quant à Inter-view, c’est une autre paire de manches. Certainement le plus elliptique des trois films de Hausner, celui qui joue le plus avec le bord-cadre ou le hors-cadre. On y navigue dans un brouillard énigmatique avec d’abord une scène dans un café où un jeune homme pose (off) des questions à des jeunes filles sur leur vie et leurs aspirations ? tout au long du film, il interrogera ainsi des personnes qu’il croise. Forte impression documentaire. Raideur bressonnienne. L’héroïne ne survient qu’au tiers du film. Physique banal. Rupture avec les parents. Séduite et abandonnée. La routine. Incroyable raréfaction des dialogues. La scène où elle mange une glace avec son petit ami est exemplaire de cette vision lobotomisée de la relation amoureuse. Mais le plus étonnant est la manière dont la cinéaste fait alterner deux blocs narratifs apparemment hétérogènes ? la triste vie amoureuse et professionnelle de la triste fille et l’enquête du jeune homme bizarre ? avant de les fusionner lors d’une scène aussi soudaine que brutale. Le film ne se termine pas sur la fille, mais sur l’enquêteur zinzin. Plus précisément sur un très long plan fixe du garçon en train de danser dans une fête. Fascinant jeu de la lumière sur le visage extatique et le corps en perpétuel mouvement. Rien que pour ce plan sublime, Jessica Hausner mérite nos éloges.
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