Un documentaire à charge sur les ravages causés par la haute finance. Solide et instructif.
Les mois de septembre à New York sont meurtriers. 2001, le World Trade Center s’écroule sous les assauts des kamikazes d’Al-Qaeda. 2008, Wall Street s’effondre sous les assauts des kamikazes de la finance et de la politique américaines.
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Ces kamikazes américains sont d’un genre très particulier : ils tuent des sociétés et des économies entières mais eux s’en sortent indemnes, mieux (ou pire), en empochant des montagnes d’or.
C’est cette hallucinante escroquerie au plus haut niveau que décrit et décrypte Inside Job, depuis sa genèse en 1980, quand Ronald Reagan est élu président et ouvre les vannes de la dérégulation, jusqu’à aujourd’hui et l’après-faillite de la banque d’affaires Lehman Brothers.
On connaissait le tableau général : en supprimant les règles régissant les flux économiques et financiers, le néolibéralisme a bâti des cathédrales fiduciaires virtuelles qui ont profité à une infime minorité (banquiers et politiciens du sommet) tout en détruisant des pans entiers de l’économie réelle aux Etats-Unis et dans le monde.
Inside Job présente ce tableau complexe avec une clarté impressionnante, tout en nous révélant une foule de détails croustillants (et flippants).
Par exemple, des institutions financières ont sciemment vendu à leurs clients des tonnes d’actifs pourris, sans les informer. Des pdg ont cyniquement parié contre leurs propres boîtes, atterrissant avec des parachutes certifiés platine quand celles-ci faisait faillite. La navette Washington-Wall Street fonctionne à plein dans les deux sens, emplissant les poches des heureux voyageurs (Ben Bernanke, Tim Geithner, Hank Paulson, Larry Summers…) à chaque aller ou retour, et ça continue sous Obama.
La haute finance est devenue une addiction, la drogue la plus dangereuse du monde.
Inside Job s’inscrit dans la veine de récents docus comme Une vérité qui dérange d’Al Gore et Davis Guggenheim ou Let’s Make Money d’Erwin Wagenhofer : sans inventer une esthétique documentaire marquante, leur pédagogie des rouages de notre monde est remarquable. Du Michael Moore sans le sentimentalisme, l’ego et la gaudriole.
Diplômé du Massachusetts Institute of Technology, consultant multiple, le réalisateur Charles Ferguson n’est pas un gauchiste exalté mais un pur produit de l’excellence américaine.
Quand les fils de l’élite US nous disent que les fondements de leur royaume sont pourris, il faut tendre l’oreille et s’inquiéter.
Inside Job montre que notre civilisation est mortelle. Pire, qu’elle est peut-être déjà morte, assassinée par la trahison cupide de ses leaders.
Commentaire dit par Matt Damon.
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