L’inoubliable trafiquant de Breaking Bad se lance sur la piste du trafic de cocaïne dans les années 1980. Un polar plutôt convaincant.
Il y a de quoi se perdre dans le come-back récent du thème des cartels au cinéma et à la télé. Si quelques spectateurs avertis se souviennent qu’un vieux projet de biopic de Pablo Escobar, passé de studio en studio ces dernières années, et probablement abandonné sous l’effet de la concurrence (Paradise Lost, Sicario, la série Narcos…), devait avoir pour tête d’affiche John Leguizamo, ils s’amuseront de voir le genre en proie aux mêmes doubles jeux et retournements de veste que le milieu qu’il dépeint, puisque l’acteur portoricain a changé de camp, parachuté sidekick pour un Bryan Cranston en vieil-inspecteur-à-un-fil-de-la-retraite-dont-c’est-la-dernière-mission.
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Infiltrator retrace l’histoire (“vraie”, ou du moins adaptée de l’autobiographie du principal intéressé) d’une infiltration engagée dans les plus hautes sphères du trafic de cocaïne américain des années 1980, menée par une équipe de stups basée en Floride et visant à faire tomber un système tentaculaire de blanchiment d’argent lié au cartel de Medellín.
Le film balaie avec désinvolture sa propre intrigue
Le sujet est aussi vaste que familier, aussi s’amusera-t-on à voir le film en survoler les motifs généraux et les scènes archétypales, se satisfaisant d’une sorte de balayage désinvolte de sa propre intrigue. Sans lignes de forces trop appuyées, réticent au tragique, Infiltrator offre l’exemple type d’un genre atteignant sa vitesse de croisière et planant tranquillement au-dessus de son cahier des charges.
Très loin du tissu nerveux des Infiltrés ou du nirvana esthétique d’un Miami Vice, le film convainc sans jamais surprendre, si ce n’est par quelques choix de casting notables, à commencer par un Bryan Cranston de la peau duquel la dualité Breaking Bad ne veut décidément pas se décoller. Entre l’honnête père de famille et le baron du crime, le ménage anonyme et l’éclat de la grande vie, le film rejoue avec une certaine inspiration ce dilemme intérieur devenu la marque de fabrique de l’acteur.
Infiltrator de Brad Furman, avec Bryan Cranston, John Leguizamo, Diane Kruger (E.-U., 2016, 2 h 07)
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