La sortie en vidéo de ces cinq films file un léger coup de vieux. Il y a seulement trois ans, ils étaient distribués en salles par les courageuses amazones d’Haut Et Court. Le concept “film indépendant américain” était alors à son zénith. Trois ans après, les avatars du phénomène s’appellent She’s the one (Petits mensonges […]
La sortie en vidéo de ces cinq films file un léger coup de vieux. Il y a seulement trois ans, ils étaient distribués en salles par les courageuses amazones d’Haut Et Court. Le concept « film indépendant américain » était alors à son zénith. Trois ans après, les avatars du phénomène s’appellent She’s the one (Petits mensonges entre frères) d’Edward Burns ou Daytrippers de Greg Mottola, primé de manière incompréhensible à Deauville. D’où le malaise. Mais retournons en 1993. Ce qui relie ces cinq films, au-delà de leur économie (tournage rapide, petit budget, pas de casting prestigieux, équipe technique réduite au minimum), c’est qu’ils regardent à hauteur d’homme (ou de femme). Dans Gas, food, lodging d’Allison Anders, trois femmes, mère et filles, cohabitent dans un mobil-home planté en plein désert du Nouveau-Mexique. L’ennui ordinaire mis en perspective avec une soif d’amour infinie. Euphorique et émouvant. Dans Highway patrolman, petit bijou déguisé en série B mexicaine, Alex Cox narre la courte carrière de l’officier Pedro Rojas dans la police de la route, en recyclant avec ironie et humour le western et le policier. Apparemment, P. J. Castellaneta se lançait avec Together alone dans un pari impossible. Deux garçons passent une nuit ensemble et se livrent peu à peu comme ils ne l’avaient jamais fait. On pouvait craindre un huis clos étouffant et rasoir. On s’embarque en réalité dans une odyssée intime absolument bouleversante. La caméra s’approche des corps pour recueillir des paroles extraordinaires de vérité. Un moment magique comme certaines vies n’en comptent peut-être jamais. Dans Hippy porn, Jon Moritsugu se paie une tranche de nihilisme sauvage sur fond de punk alternatif. Au-delà des poses « sexe, vin, cigarettes et ennui », quelques fulgurances sur l’éducation dans les universités américaines. Enfin dans Sure fire, peut-être le meilleur de ce vaillant Club des Cinq, Jon Jost filme deux amis de caractère opposé (un gagnant et un indécis) avec une finesse et une ironie que l’on croyait réservées à l’Europe. C’est tout l’intérêt de cet ensemble : nous éclairer sur une certaine Amérique contemporaine absente des films des majors. Nous montrer des personnages qui doutent. Des frères (et des sœurs) en somme.
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