Découvrez sans plus attendre toutes nos critiques des sorties cinéma de la semaine.
Cette semaine, c’est l’amour qui se raconte à travers ses mille visages. Il est usé chez Dupieux, défie les carcans sociaux dans Le Prince et Je tremble, ô matador, se conjugue au passé avec Mon amour, et enfin, renaît plus incandescent que jamais dans le regard aguerri de Claire Denis avec Beau Travail.
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Incroyable mais vrai de Quentin Dupieux
Dans Incroyable mais vrai, il y a certes un MacGuffin paranormal (une histoire de trappe temporelle qui amène un conte moral sur le vieillissement – c’est le point nodal de l’intrigue, et en même temps ce n’est franchement pas la force du film), mais ce que l’on remarque le plus – et c’est sans doute la première fois dans la filmographie de Dupieux –, c’est cette normalité. Celle d’un couple qui “nous” ressemble mais qui est comme englué, dont la vie n’est plus que poncifs, platitudes, borborygmes. Par Théo Ribeton
Le Prince de Lisa Bierwirth
Le Prince est une superbe romance triste où le désordre et l’ordre s’enlacent dans une étreinte douce et déjà vaincue. Chacun·e sait que c’est perdu d’avance. Leurs mondes sont trop éloignés. Pourtant, il s’est accompli un miracle : une brève idylle qui échappe à tout, aux injonctions économiques et sociales. Tout ça grâce à la discrète alchimie entre les comédien·nes, tous·tes deux vibrant·es de sensualité. Par Emily Barnett
Mon amour de David Teboul
D’une petite église de province aux horizons neigeux, le film entrelace deux mouvements de la vie : les corps nus livrés aux caresses et au texte de feu de la voix off de David Teboul (narration superbe évoquant Guy Gilles dans sa diction et sa mélancolie) noués aux visages des vieilles âmes de la taïga qui dessinent, avec leurs réponses, une cartographie démente du sentiment amoureux. Par Arnaud Hallet
Beau Travail de Claire Denis
Beau Travail, objet plastique d’une beauté incontestable, pour lequel Agnès Godard remportera le César de la meilleure photographie en 2001, explore subtilement des questions métaphysiques essentielles. Sa recherche formelle et sa mise en scène n’ont de cesse d’exhiber l’aliénation des corps et la répression des passions. Rares sont les films qui ont esquissé avec une telle force les relations interdites entre les hommes. Par Rose Baldous
Je tremble, ô matador de Rodrigo Sepulveda
Le problème de l’adaptation de Rodrigo Sepulveda est qu’elle ignore tout un pan du roman de Pedro Lemebel, qui mettait en parallèle les soliloques du protagoniste, “La Loca”, les pensées futiles de l’épouse de Pinochet, passionnée de stylisme, et celles, homophobes, du dictateur en personne. Tout le côté baroque et délirant du livre disparaît. L’action se concentre donc sur l’amour de La Loca pour Carlos, et c’est tout. Par Jean-Baptiste Morain
Demain, je traverse de Sepideh Farsi
Très lâche, le récit de Demain, je traverse, flottant au diapason de ses personnages, ne parvient hélas jamais à s’imprimer sur la rétine du spectateur, glissant sans cesse à sa surface, même si le film de Sepideh Farsi décrit une situation passionnante et tragique sur le papier : celle d’un migrant qui se croit sauvé et se retrouve dans un pays sacrifié de l’Europe, et d’une femme qui ne sait plus à quel saint se vouer. Saluons tout de même sa très belle BO, due au trompettiste Erik Truffaz. Par Jean-Baptiste Morain
Ventura de Pedro Costa
Ventura (Cavalo Dinheiro), film vieux de huit ans, invoque à nouveau les êtres superbes, ces corps lumineux saisis dans la géographie de Fontainhas, quartier désormais célèbre dans la mythologie du cinéaste portugais. Ils expriment toujours, imperturbables et figés, tels des oiseaux ou des mythes, le rêve commun des marges dont Pedro Costa se fait le peintre patient et intense. Les acteurs y sont des boules de lumière nichées dans les villes, les arbres et les rochers d’une Lisbonne sidérante, découpée au couteau. Par Arnaud Hallet
Sweat de Magnus von Horn
Malgré l’émouvant spleen qui se dégage de l’image, Sweat laisse le sentiment de n’avoir qu’effleuré toute la profondeur du sujet (le rapport au corps et à la nourriture du personnage seront introduits avant d’être laissés de côté). De quoi nourrir quelques regrets tant Magnus von Horn semblait détenir la matière et le talent pour accoucher d’un grand portrait du contemporain. Par Ludovic Béot
Boum Boum de Laurie Lassalle
L’utopie amoureuse faisant corps avec le rêve d’un monde meilleur, le film va s’articuler autour de ces deux révolutions, de l’intime et du collectif. À la candeur du sentiment amoureux naissant, au miel réconfortant d’une étreinte vient s’entrechoquer l’extrême violence de la répression policière. Boum Boum, c’est un cœur qui bat autant que la détonation d’une grenade de désencerclement. Par Ludovic Béot
The Truman Show de Peter Weir
Le film détourne finalement la critique attendue et très debordienne d’une société du voyeurisme télévisé (il est d’ailleurs très tendre avec les téléspectateurs, entrevus dans de nombreux plans de coupe), pour s’attaquer plutôt à la normativité effroyable et aux hypocrisies d’une existence middle-class quant à elle bien réelle. Par Théo Ribeton
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