Une saga familiale sur fond de guerre au Moyen-Orient. Un récit puissant et bien mené.
Sans aller jusqu’à parler d’une “nouvelle vague”, le cinéma québécois bénéficie sans conteste d’un retour de hype.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Après Curling de Denis Côté, et surtout Les Amours imaginaires du jeune Xavier Dolan, voici Incendies de Denis Villeneuve. S’il revient au premier de cultiver un certain formalisme tiré au cordeau, au second de s’éclater dans des formes pop et maniéristes, le cinéaste qui nous intéresse ici joue plus clairement la carte de l’entertainment. Ou comment faire de la base d’un film de deux heures un grand spectacle tragique tout en y incluant un regard sur le réel.
Pour ce faire, le quatrième long de Denis Villeneuve (remarqué avec Polytechnique, inspiré du massacre de l’Ecole polytechnique de Montréal) va courir sur plusieurs époques et générations, dans une vibrionnante quête des origines.
Montréal, aujourd’hui : des jumeaux apprennent à la mort de leur mère (Lubna Azabal, magique) qu’ils ont un père et un frère au Moyen-Orient. Lancés sur leurs traces, ils découvrent le passé de résistante de leur mère, dans un pays arabe (jamais nommé) jadis déchiré par une guerre entre musulmans et catholiques.
A coups de rebondissements, de flash-backs, Villeneuve ordonne une tragédie familiale assez stupéfiante, une machine allégorique à l’efficacité redoutable.
Le mérite revient en partie à la toute-puissance du scénario (inspiré de la pièce de Wajdi Mouawad), hélas à double tranchant : à force de remplir toutes les cases de sa fable, de n’y laisser aucune zone d’ombre, le film glisse vers le tour de force narratif (une réinterprétation trash du mythe d’Œdipe, notamment), au détriment parfois d’une réflexion plus subtile et aléatoire sur le monde.
Mais tout en usant de grosse artillerie (Radiohead à bloc, titres en majuscules rouge sang), Incendies démontre aussi une belle puissance de récit, et une maestria de mise en scène dont on ressort le cœur tout étourdi.
{"type":"Banniere-Basse"}