Satire politique au vitriol de la soumission du gouvernement britannique à l’administration américaine.
Le nouveau ministre du “Développement mondial” du Royaume-Uni commet la gaffe de définir la guerre au Moyen-Orient comme “imprévisible”. Ce qui provoque la rage du directeur de la communication du Premier ministre, à la botte de l’administration américaine… Une nouvelle preuve (après l’excellente Red Riding Trilogy) que le cinéma anglais se régénère constamment par la télévision.
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Car ce premier film d’Armando Iannucci (écossais, comme son nom ne l’indique pas) est le spin-off cinématographique de The Thick of It, sa série comique à succès située dans la sphère politique. Iannucci en reprend exactement le style brutal et expéditif, et mêmes certains personnages, dont la vedette, Malcolm Tucker, l’irascible press officer (dir com) du Premier ministre britannique, incarné avec une énergie démente par Peter Capaldi (également écossais…), lequel semble carburer aux amphés.
La puissance de cette farce, qui calque son économie de moyens sur celle du petit écran, provient de la rapidité de son montage et de son filmage en vidéo, accentuant l’ambiance loufoque et fébrile avec force zooms, recadrages intempestifs et panos filés. On pourrait comparer cette satire politique, située (vraisemblablement) à la veille du déclenchement de la guerre d’Irak, à bien d’autres ; du classique Tempête à Washington de Preminger au plus inégal La Guerre selon Charlie Wilson ou, évidemment, à la série A la Maison Blanche.
Mais oublions tout cela, qui reste relativement feutré et/ou dialectique. In the Loop n’est pas cinématographique, mais quasiment cinétique. Et si toutes les œuvres précitées, situées dans les coulisses du pouvoir américain, pourraient se prêter à une adaptation théâtrale, In the Loop serait difficilement transposable sur une scène. Notamment en raison de sa vitesse folle, des déplacements, des changements à vue de décors et de situations. Autre spécificité : les excès du langage, une logorrhée plus ordurière (et imagée) que tout ce qu’on peut imaginer. Notamment tout ce qui sort de la bouche de l’insensé Malcolm Tucker, qui enterre définitivement à coups de “fuck” et d’injures scato le légendaire flegme britannique – si tant est qu’il ait jamais existé.
En fait, si l’on prend en considération les origines de Iannucci (et sans doute aussi de Capaldi), on assiste à une intrusion bénéfique de l’hystérie italienne dans l’univers britannique de l’understatement et de l’“entente cordiale”. Après tout, les Romains sont bien les seuls a avoir réussi leur invasion de la Grande-Bretagne.
Tout ceci pour dire que cette peinture au vitriol de la diplomatie anglo-américaine (une bonne partie se déroulant à Washington et à New York, où le ministre incapable va continuer à apporter involontairement de l’eau au moulin des va-t-en-guerre), outre sa vision cynique des mœurs politiques et des jeux de pouvoirs intra-gouvernementaux, est la comédie la plus tonique du moment.
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