Pour la première fois en France, un film n’est pas signé du nom de son metteur en scène. A la suite d’un désaccord sur le montage entre le réalisateur et son producteur, le générique ne mentionne que “filmé par Jacques Dubuisson”, et précise que “la postproduction et le montage ont été dirigés par Michel Propper”. […]
Pour la première fois en France, un film n’est pas signé du nom de son metteur en scène. A la suite d’un désaccord sur le montage entre le réalisateur et son producteur, le générique ne mentionne que « filmé par Jacques Dubuisson », et précise que « la postproduction et le montage ont été dirigés par Michel Propper ». En France, patrie du droit d’auteur depuis Beaumarchais, les auteurs ont jusqu’ici toujours obtenu le final cut, contrairement aux Etats-Unis où, sous le régime du copyright, ce sont les producteurs qui détiennent ce droit. Les deux hommes ont convenu que sortirait d’abord la version Propper, intitulée Imuhar, une légende, puis dans quelques mois la version Dubuisson, Imuhar, être libre. Des titres significatifs : le film tel qu’on le voit aujourd’hui se présente en effet délibérément comme un conte plutôt destiné aux enfants, alors que Dubuisson promet un film plus adulte. Imuhar, c’est le nom que les Touaregs se donnent entre eux. On est tout de suite frappé par la beauté des images, par la lumière jaune du désert nigérien. Khénan, 11 ans, vient de perdre sa mère française. Il quitte Paris pour rejoindre son père Najem, Touareg. Il découvre toute une partie de sa famille qu’il ne connaissait pas et surtout un mode de vie déroutant. Bonne idée que de faire découvrir la vie basique des Touaregs à travers les yeux d’un enfant occidental, le décalage n’en apparaît que plus aigu : ainsi dans le désert, Khénan découvre-t-il l’importance capitale de l’eau, une évidence à laquelle il n’avait jamais fait attention jusqu’alors. D’ailleurs, en tamasheq, la langue des Touaregs, les mots « eau » et « vie » n’ont qu’une voyelle de différence, parce que « l’eau, c’est la vie ». L’enfant découvre une culture de musique et de fête, une société où la femme est détentrice des richesses, tout un tas de rituels qu’il va peu à peu s’approprier. Il apprend ainsi à élever le bétail, à respecter les dromadaires… Aujourd’hui, les Touaregs ne sont presque plus nomades : c’est en cela que le film est d’abord une fable. On pourra toujours regretter que l’aspect contemporain et politique ne soit jamais évoqué : la plupart d’entre eux vivent dans des camps de réfugiés où ils survivent grâce à l’aide internationale. Tel quel, Imuhar, une légende est un rêve de baba cool, un album d’images magnifiques. Reste maintenant à découvrir le film de Jacques Dubuisson.
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