Un ragazzo livré à lui-même dans une Rome hivernale et populaire. Une belle ascendance néoréaliste.
Parvenu à ses 18 ans, Manuel doit quitter le foyer pour enfants où il vit. Dehors, non seulement il doit se débrouiller seul, mais il se donne en plus pour mission de faire sortir sa mère de prison. Dario Albertini semble avoir puisé dans les mythes de la culture italienne et latine : la tâche surhumaine de Manuel évoque des travaux d’Hercule contemporains et la relation mère-fils est ici abordée comme une pietà inversée.
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Cela dit, le style d’Albertini doit plus au néoréalisme qu’à la grande peinture du Quattrocento et de la Renaissance ou au grotesque fellinien. Manuel évolue dans les faubourgs et banlieues désertées de la muséale et touristique capitale italienne (on pense au titre de Vincent Dieutre, Rome désolée), dans la grisaille et l’humidité de la morte saison d’hiver, à mille lieues des fantasmes de dolce vita.
Manuel est joué par le formidable Andrea Lattanzi, ragazzo pasolinien contemporain, repéré par le cinéaste sur une vidéo YouTube. Lattanzi porte le sex-appeal voyou, physique et dangereux de la rue, en même temps qu’une douceur enfantine, et il joue avec toute la subtilité d’un acteur chevronné. Il Figlio… est un film populaire au meilleur sens du terme, c’est-à-dire qui regarde des personnages du peuple, debouts et droits dans leur dignité.
Il Figlio, Manuel de Dario Albertini (It., 2017, 1 h 37)
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