Il y a des gens qui sont persuadés que nous sommes plus intelligents que nos ancêtres les hommes des cavernes (qui ne vivaient d’ailleurs pas dans des cavernes, parce que c’est sombre, froid, humide et enfumé quand on y fait du feu). De même, Ang Lee le réalisateur de l’ineffable Vérités et mensonges […]
Il y a des gens qui sont persuadés que nous sommes plus intelligents que nos ancêtres les hommes des cavernes (qui ne vivaient d’ailleurs pas dans des cavernes, parce que c’est sombre, froid, humide et enfumé quand on y fait du feu). De même, Ang Lee le réalisateur de l’ineffable Vérités et mensonges et ses scénaristes (on a du mal à savoir qui a fait quoi) semblent tenir pour acquis que nos prédécesseurs des années 70 étaient des crétins criminels finis, parce qu’ils croyaient à la libération des moeurs et détruisaient la cellule familiale. Il est donc temps, maintenant que nous sommes tous devenus raisonnables, de régler leur compte à ces années lamentables où l’homme s’égarait sur les chemins du Mal. Et les juges sont implacables. Quand Ang Lee estime qu’un personnage est dans l’erreur, il devient méchant, l’écrase de son mépris et le ridiculise. Quand le personnage commet un acte qu’Ang Lee juge bon comme, vous allez voir le niveau, lorsque Kevin Kline porte sa fille tendrement dans ses bras , il le félicite et lui pardonne pour ses fautes en l’entourant d’une petite musique émouvante. A la fin, la nature punit la descendance des pécheurs qui se sont laissés aller à la débauche (un peu comme à la fin du surestimé Short cuts, au détail près qu’Altman, lui, déteste les humains avec une telle sincérité qu’il ne s’y fait pas vengeur, mais se débarrasse tout simplement de ce qui l’importune).
Car le pire, c’est qu’on a l’impression qu’Ang Lee ne pense en fait pas grand-chose de tout cela, il filme cette histoire comme il aurait filmé n’importe quelle autre. Quand le scénario dit que la forêt est couverte de glace, il la fait tinter comme du verre : c’est gratuit, laid et bête. Il est persuadé de tourner un film d’époque, un film en costumes, situé dans un pays qu’il ne connaît pas et qui l’intéresse peu. Alors les acteurs, pauvres guignols, sont déguisés années 70, vivent dans des maisons décorées années 70 ce qui nous vaut des gros plans insistants sur des 33t grésillants (super, un électrophone !) et regardent Nixon à la télé. Le pire acteur de la bande demeure le pubère Tobey Maguire, si jeune et déjà cabot.
Pour ne pas être taxé de malhonnêteté, précisons que Woody Allen et Nanni Moretti aiment beaucoup Ice storm, qui a obtenu une palme à Cannes : celui absurde, puisque, comme le disait Lacan du sexe : « Ça n’existe pas » du meilleur scénario. On en reste baba.
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