Une comédie familiale bourrée de clichés patriarcaux ante #MeToo.
[Cet article vous est offert pendant 24 heures]
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Ibiza raconte l’histoire de Philippe (Christian Clavier), un podologue qui a rencontré l’amour dans la personne de Carole (Mathilde Seigner), fraîchement divorcée. Ils ne se ressemblent en rien, n’ont aucun goût en commun, mais ils s’aiment – pourquoi pas.
Or Carole a deux adolescents affreux et mal élevés, Julien et Manon, qui se plaignent à tout bout de champ, se moquent de Philippe parce qu’il est vieux et moche, hypocondriaque, fanfaron (réminiscence du personnage de Jérôme, le médecin que jouait Clavier dans Les Bronzés), passe ses vacances au Crotoy chez son papa (évidemment sourdingue et maladroit – pouf pouf) et sa maman (bien sûr neuneu – uh uh) où il pleut tout le temps et où il n’y a rien faire que jouer au Scrabble (warf warf), et se laisse marcher sur les pieds par tout le monde.
Philippe, qui en a marre de passer pour un boloss, promet à Julien qu’ils iront en vacances où l’ado le souhaitera s’il obtient son bac. Et Philippe, avec ses trois beaufs, débarque donc à Ibiza, temple de la fête non-stop, de la drogue et de la soif, Babylone moderne (…), dans lequel il va finalement peu ou prou trouver ses marques, devenir un DJ vedette l’espace d’une soirée, et montrer qu’il est un homme à une famille de bobos (des vrais – riches et écolos), prétentieux et méprisants (Frédérique Bel et Louis-Do Lencquesaing), en les emmerdant au sens propre avec leurs propres excréments (c’est d’un goût exquis).
Vulgaire et crapoteux
Bon, soyons clairs : ce film ramasse les clichés comme les balayeuses-aspiratrices de la Ville de Paris les crottes de chiens : en les étalant. Alors que le réalisateur bizarre d’Ibiza précise dans le dossier de presse qu’il y a très peu de lieux de fête à Ibiza, il ne nous montre quasiment que ceux-là. Les stéréotypes sur les êtres humains ne valent guère mieux : tandis que les femmes conduisent mal, sont jalouses, possessives et ne pensent qu’à leurs rides naissantes, les hommes ronflent en dormant (on est plié de rire).
Les ados, passent leur temps sur leur smartphones, critiquent tout, ne s’intéressent à rien d’autre (surtout pas à l’histoire de l’île d’Ibiza) que leurs amourettes sans intérêt au bord de la piscine. Pour Julien, par exemple, un homme, un vrai, c’est son père, qui aurait foutu un pain dans la figure d’un malotru s’il avait été là. Pas comme Clavier qui ne réagit jamais…
Le films semble avoir été écrit en 1957 par de vieux scénaristes catholiques sous pseudo qui auraient eu envie de s’encanailler : par exemple, le pauvre Clavier est outré quand il découvre que ses deux voisins d’avion sont homosexuels (ils s’embrassent sur la bouche) ou lorsqu’un dealer ibère l’aborde dans la rue pour lui proposer de la « cocaïna ». Le spectateur sent bien que pour Arnaud Lemort, lorsque Julien, pendant une partie de Scrabble, propose à sa mère d’écrire le mot « fellation », ou lorsque le petit copain de Manon lui explique que ça fait un peu mal la première fois mais qu’ensuite, « on s’habitue » (alors que nous découvrirons qu’il lui parle de se faire tatouer), le comble de la provocation est atteint. C’est seulement vulgaire et crapoteux.
Bref, nulle nécessité d’aller voir le nouveau chef d’œuvre de l’auteur des immarcescibles Dépression et des potes et L’amour, c’est mieux à deux.
Ibiza d’Arnaud Lemort (Fr., 2019, 1h27), avec Christian Clavier, Mathilde Seigner, JoeyStarr, Cathy Gueta, Olivier Marchal, Frédérique Bel et Louis-Do de Lencquesaing, en salles le 3 juillet
{"type":"Banniere-Basse"}