Une comédie sociale viriliste et d’une platitude caricaturale.
Les comédies du tandem Toledano/Nakache ont toujours gardé pour horizon la cohésion du groupe, l’harmonie collective, que le groupe soit une bande de moniteurs de colo (Nos jours heureux), une brigade de traiteur de mariage (Le Sens de la fête), ou plus ambitieusement, le pays tout entier – à qui les films de chocs de classes que sont Intouchables et Samba ne sont là que pour poser la question – plus creuse tu meurs – du « vivre ensemble ».
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Mais il semblerait que les Tolenakache aient franchi un cran, avec ce film de clôture cannoise qui n’est plus vraiment une comédie, mais plutôt un monument de consensualité douce-amère à la gloire de la cohésion, du lien social, structuré autour de deux bons samaritains du secteur associatif (Reda Kateb, qui gère des jeunes de quartiers en réinsertion, et Vincent Cassel, qui accompagne des enfants autistes et emploie les ados du précédent).
Le décor de ce projet est une vieille obsession du cinéma français : celui des institutions du service public, mêlant hôpitaux, salles municipales tapissées de dessins d’enfants, bureaux de fonctionnaire où s’empilent les classeurs autour d’un vieil ordinateur gris et d’une photo de groupe. Les réalisateurs semblent même trouver un étrange levier d’excitation à ce cinéma de l’administration publique, comme dans cette drôle de scène où Kateb et Cassel, entourés de leurs jeunes, jouent à celui qui aura retenu le plus de sigles (« ARS, Agence Régionale de Santé, ouais, bravo Dylan !! »).
Nul doute que la timbale des bons sentiments et du cinéma rassembleur, donc successful, sera encore une fois décrochée par ce duo de réalisateurs qui aime sortir ses films comme on appliquerait de la pommade sur la France. Mais l’objet fini est d’abord d’une platitude caricaturale. Son apologie du vivre ensemble a surtout un goût rance. Notamment du côté des femmes, souvent réduites à de jolies petites choses à séduire pour les gaillards à la voix forte et au grand cœur : la solidarité brute de décoffrage dont a besoin le pays est d’abord un truc de virilité, une affaire d’accolades burnées, de gouaille et de partage de force. Et ce n’est pas un hasard si la réponse de Kateb à l’inspecteur qui vient lui demander ce qu’il pense de son camarade Cassel est d’abord : « Il a des couilles ».
Hors Normes, d’Eric Toledano et Olivier Nakache, avec Vincent Cassel, Reda Kateb, Hélène Vincent
{"type":"Banniere-Basse"}